Ses dimensions en feront le plus important des tunneliers à percer le sous-sol parisien. Depuis ce lundi les premiers éléments du tunnelier d’Eole sont arrivés à Courbevoie. Avec un diamètre de de onze mètres, une longueur totale de 86 mètres et un poids de 750 tonnes, ce monstre d’acier aura pour mission de percer les six kilomètres de tubes entre son point de départ « le puits Gambetta » à Courbevoie et le terminus actuel du RER E, la gare Saint-Lazare.
Les trois premiers morceaux livrés de nuit cette semaine sont la jupe du tunnelier. Ils constitueront le grand anneau d’acier placé entre le bouclier du tunnelier et ses remorques. Construit en Allemagne par le spécialiste en la matière, l’entreprise Herrenknecht cette bête sera assemblée directement sur l’emprise chantier de l’avenue Gambetta en raison de l’étroitesse du puits de départ qui fait une quarantaine de mètres de profondeur. Au total 177 colis seront livrés par camions, dont une cinquantaine comme la jupe par convois exceptionnels en nuit. « Il arrivera en pièce détachées. Nous n’avons pas beaucoup de place et donc nous ne pouvons pas les stocker en surface, explique Armelle Lagrange, responsable de communication du projet d’Eole. Il sera monté au fur et à mesure dans le tunnel ». Le bouclier et ses roues de coupes, élément central avant de la machine en charge de gratter la roche sera quant à lui hissé au fond du puits en décembre prochain à l’occasion du baptême du tunnelier où son petit nom sera alors révélé.
Quelques semaines plus tard, au début de l’an 2019, il se mettra à l’attaque en évoluant à une profondeur oscillant entre les quarante et trente mètres où il avalera quotidiennement deux types de terres. « Il y a du calcaire grossier parisien, le même que l’on a utilisé pour construire la cathédrale de Notre Dame de Paris et du sable supérieur », précise Alberto Puliti, ingénieur travaux chez Egis. A une vitesse d’environ quinze mètres par jour, le tunnelier franchira la Seine à la fin 2019. D’ici là les boues seront évacuées par une conduite aérienne jusqu’à la « base Seine », permettant d’éviter la circulation de 250 camions par jour dans les rues de Courbevoie. Les voussoirs en béton constituant les parois du tunnel, mis en place par le tunnelier transiteront eux par le puits Gambetta. Une fois le fleuve franchi, une partie de cette conduite sera démontée et les gravas seront transvasés directement par la base Seine. Il filera ensuite vers la future gare de la Porte Maillot, en passant sous Neuilly. Sa mission s’achèvera à la fin 2021, début 2022 lors de son arrivée à Saint-Lazare. L’équipement fera alors machine arrière pour être démonté à la Porte Maillot tandis qu’une partie du bouclier sera laissée sur place.
Le tunnel entre le puits Gambetta et son émergence aux Groues à Nanterre ainsi que la station de La Défense sous le Cnit sera en revanche creusé en méthode traditionnelle à l’aide de différentes machines.
Le prolongement du RER E vers Mantes-la-Jolie (Yvelines) prévoit la construction de trois nouvelles gares : Porte Maillot, La Défense sous le Cnit et Nanterre-la-Folie. La mise en service d’Eole se fera en deux étapes avec une ouverture de la ligne prolongée en 2022 jusqu’à Nanterre puis 2024 à Mantes-la-Jolie.