Avec sa forme de poire, le boulevard circulaire est en somme le périphérique de La Défense. Plus de quarante ans après sa mise en service qui remonte au début des années 70, ce boulevard est pointé du doigt par beaucoup pour son manque d’entretien. Jusqu’à l’ouverture du tunnel de La Défense en 1996 qui permet de rejoindre l’A86 ou à son embouchure l’A14, le circulaire avait deux fonctions : la première jouer le rôle d’une autoroute urbaine pour créer le lien entre l’A86 et le Pont de Neuilly avec notamment les grands viaducs de Nanterre aujourd’hui disparus. La seconde, toujours actuelle de desservir l’ensemble des quartiers de La Défense. Si le caractère autoroutier n’est plus, le boulevard circulaire en a gardé en partie l’aspect. Classifié national sous le numéro N13, le boulevard est géré par la DIRIF (Direction Interdépartementale des Routes d’Ile-de-France). Durant les cinq premières années 2000, l’Epad (devenu Epadesa) avait entrepris un vaste programme à ses frais pour requalifier la partie nord (côté Courbevoie) en boulevard urbain avec notamment la création de carrefours avec passage piétons, la suppression du viaduc Gambetta,… Plus compliqué et beaucoup plus coûteux la partie sud sur la ville de Puteaux, le projet reste depuis plus de quinze ans à l’état de projet. Cependant le grand échangeur de la Rose de Cherbourg devrait bénéficier d’un important programme de rénovation mené par l’Epadesa, programme qui sera financé, entre autres par la construction de la tour Hekla.
Voilà pour l’histoire. Mais depuis ces dernières années l’état de l’axe s’est dégradé. La partie nord du circulaire de La Défense a donc été refaite en partie une première fois par l’Epadesa en 2013 dans le cadre de la construction de la tour Carpe Diem et de la rénovation de la tour Eqho puis dans une autre partie au début du mois de juillet 2015 suite aux travaux de construction de la tour D2 et de l’hôtel Melia. L’Epadesa a pris, une nouvelle fois à sa charge la réfection de la chaussée, des trottoirs, de l’éclairage,… tout en laissant la gestion à la Dirif qui rappelons le, reste propriétaire de la route. Mais pas des trottoirs du circulaire nord qui sont eux sous la houlette de Defacto, l’établissement de gestion de La Défense. Defacto a d’ailleurs équipé tout le circulaire en 2011 d’une nouvelle signalétique directionnelle. La signalétique routière reste gérée par la Dirif.
C’est depuis le début 2014 que l’état du circulaire nord s’est dégradé. Voilà plus d’un an et demi que le boulevard est plongé dans la pénombre toutes les nuits, alors que l’Epadesa l’a équipé de nouveaux candélabres design « flambant neufs », conçus spécialement pour le quartier par le fabriquant Conimast. La raison de cette panne qui dure ? La cause n’est pour l’instant toujours pas connue cependant selon Éric Tanays, le directeur de la Dirif elle pourrait être due à des travaux menés par l’Epadesa qui auraient coupé un câble d’alimentation électrique. Après des mois de tergiversations, l’Epadesa réalise actuellement une étude pour détecter l’origine de l’incident afin de le réparer. En attendant, l’axe nord qui voit passer quotidiennement 30 000 véhicules/jour reste dans le noir, créant un danger pour les piétons qui le traversent la nuit où des véhicules circulent parfois très rapidement.
La partie sud, qui a gardé son aspect autoroutier ne bénéficie pas d’autant de soins. Saleté, panneaux rouillés ou renversés, accotement défoncés, végétation poussant sur la chaussée, nid de poules, là aussi pannes d’éclairages depuis plusieurs mois,… cette portion du circulaire qui s’étend du pied de l’Arche au pont de Neuilly est en bien mauvais état. Une situation qui irrite Éric Cesari, l’adjoint au maire de Courbevoie, président de l’intercommunalité Seine-Défense (réunissant Puteaux et Courbevoie) et administrateur de Defacto. « L’état n’est pas acceptable pour le quartier d’affaires » explique l’élu parlant aussi de la partie nord. A ce sujet, Eric Cesari a, via la communauté d’agglomération Seine-Défense envoyé deux courriers au préfet des Hauts-de-Seine -l’un en novembre 2014 et le second en janvier 2015- pour l’alerter sur la situation. Mais pour Éric Tanays, rien d’anormal « Le niveau du circulaire sud bénéficie du même niveau de service que le réseau autoroutier de l’Ile-de-France. Dans la globalité des 1 300 kilomètres de routes gérées par la Dirif en Ile-de-France, le niveau d’entretien est à la hauteur du trafic » se défend-il réfutant un manque de budget pour l’entretien. Concernant la saleté et la présence de nombreux déchets sur l’accotement, le directeur de la Dirif met en cause l’incivilité grandissante des conducteurs qui jettent leurs ordures par la fenêtre. Un nettoyage est réalisé une fois par an, comme sur le reste du réseau autoroutier, ce qui n’est pas suffisant pour Eric Cesari qui souhaite qu’un « effort supplémentaire soit fait ». Pour ce qui est de la panne d’éclairage sur la partie sud mais également sur tout le pont de Neuilly, « le problème a été identifié » explique Eric Tanays. En attendant l’arrivée des pièces de remplacement, le tronçon côté Puteaux restera dans le noir jusqu’à la fin de l’été.
Tout comme le fait Eric Cesari, la situation du circulaire est pointée du doigt par Marie-Célie Guillaume, la directrice de Defacto : « Le circulaire est un boulevard urbain géré par la Dirif comme une autoroute. Géré n’est pas un terme approprié en l’occurrence. Le circulaire est la porte d’entrée du premier quartier d’affaires européen. La première image qu’on a quand on arrive en voiture, explique t-elle. Le constat de carence est largement partagé ». Un avis partagé par Patrick Devedjian, le président des Hauts-de-Seine et de Defacto. Pour remédier au problème, le conseil départemental souhaiterait que la totalité du circulaire lui soit rétrocédée, ou que la gestion lui soit laissée. Des demandes ont été faites en ce sens. Pas sûr qu’elles aboutissent. « Le circulaire sert d’itinéraire de délestage en cas du fermeture du tunnel de La Défense. Il doit garder sa capacité à faire passer le trafic » argumente Eric Tanays pour qui le boulevard doit rester dans le giron de la Dirif. La décision ne sera cependant pas prise par lui. Le choix de dé-classification de la N13 en route départementale, reviendrait au gouvernement.
L’état du boulevard circulaire de La Défense en juillet 2015 :