Elle a mis ses menaces à exécution. Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France a annoncé ce mercredi qu’elle cessait de payer dès ce mois de juillet la RATP et la SNCF. Ile-de-France mobilités (IDFM), l’autorité chargée des transports en commun qu’elle préside également, accuse 2,6 milliards d’euros de pertes à cause de la crise du Coronavirus. Ne pouvant pas faire face à cette dette abyssale, Valérie Pécresse demande l’aide de l’État, qui lui a consenti pour l’instant « seulement » une enveloppe de 425 millions d’euros.
Une aide largement insuffisante pour la présidente de la région qui demande au nouveau gouvernement de Jean Castex « un plan massif » pour les transports en commun d’Ile-de-France. Lors de sa conférence de presse, Valérie Pécresse a souligné que partout dans le monde, des pays comme le Royaume-Uni, les États-Unis, la Suède, l’Espagne ou l’Allemagne ont lancé des plans d’aides pour les opérateurs des transports en commun.
« Ile-de-France mobilités s’est montré exemplaire pendant la crise en payant intégralement les opérateurs pendant les mois du confinement puis ceux du déconfinement malgré un service limité à 30 % et 10 à 20 % des voyageurs », a martelé la présidente d’IDFM qui estime une perte de 80 à 90 % de ses recettes issues des voyageurs. « Les transports publics sont les premiers transports écologiques et populaires. Ils sont utilisés par cinq millions de personnes par jour », a affirmé la présidente de la région.
Si l’État venait à ne pas aider les transports publics parisien, IDFM pourrait alors recourir à une augmentation du Pass Navigo. Mais cette option très impopulaire est balayée par Valérie Pécresse qui refuse d’imposer « une taxe Covid-19 » d’une vingtaine d’euros par mois aux usagers franciliens.
Cette interruption de paiement aux opérateurs ne devrait pas avoir de conséquence pour les franciliens à court terme. A ce stade, « les opérateurs vont utiliser leur trésorerie -notamment grâce à un trop-perçu de 600 millions d’euros- pour assurer la circulation des transports publics », a assuré Valérie Pécresse.
Mais les grandes difficultés financières d’IDFM pourraient si la situation n’est pas réglée rapidement avoir de graves conséquences pour l’avenir, remettant en cause plusieurs programmes d’investissement comme des remplacements de matériels roulants, des prolongement de lignes,… « Nous avons des milliards d’euros de commandes passées. L’impasse financière d’IDFM aura des conséquences dans toute la France et ce sont des dizaines, des centaines de milliers d’emplois qui sont en jeu », prévient Valérie Pécresse.
Au début du mois de juillet, Jean-Baptiste Djebbari, alors secrétaire d’État chargé des Transports, aujourd’hui ministre délégué, déclarait à BFM TV : « Mme Pécresse a les moyens financiers de payer la RATP et la SNCF au 8 juillet. Mais nous sommes ouverts à poursuivre les discussions et elle le sait ».