A l’hypermarché Auchan des 4 Temps on a pas attendu la loi contre le gaspillage alimentaire pour redistribuer une partie des invendus. Cela fait déjà quinze ans que l’hyper a initié un programme visant à donner plutôt qu’à jeter. Pour redistribuer une partie des invendus Auchan a choisi trois associations : Parilis, La Maison de l’Amitié et Emmaüs. Mais pour l’enseigne pas question de tout donner sans contrôle, car la réglementation en la matière est très stricte.
Alors que le don des produits ménagers, d’entretien et de soins du corps ne pose pas trop de problèmes, la distribution de l’alimentaire est plus contraignante. Concernant les produits alimentaires hors frais, c’est à dire l’épicerie, les dons doivent porter uniquement sur les produits dont l’emballage primaire est intact et surtout dont la date de DLC (Date Limite de Consommation) ou la DPC (Date de Préférence de Consommation) n’est pas dépassée. Pour les produits frais, la chose est encore plus compliquée : non seulement, les collectes doivent respecter les mesures concernant les produits d’épicerie, mais les associations doivent être équipées de camions frigorifiques -ce qui est rarement le cas, faute de moyens- pour la collecte afin de respecter la chaîne du froid et éviter les intoxications alimentaires. Et c’est encore plus restrictif pour les surgelés.
Si une bonne gestion des stocks permet de limiter fortement le gaspillage, et donc de facto une perte d’argent pour l’enseigne, le mauvais comportement de certains clients a lui des conséquences. Chaque jour ce sont des dizaines de produits frais et surgelés qui se retrouvent hors de leur bac avec par exemple des yaourts qui se retrouvent dans le rayon des textiles. Les enseignes sont alors contraintes de « benner » les produits.
Chez Emmaüs, on passe tous les jours du lundi au vendredi pour récolter les invendus. Avec l’enseigne de grande distribution l’association a conclu un accord en janvier dernier pour récolter essentiellement les invendus de fruits et légumes, car tant que l’association ne dispose pas d’un camion frigorifique et d’un circuit de redistribution pour les personnes en difficultés, respectant la chaîne du froid, il est hors de question pour Carolina Cortissoz, contrôleuse de gestion à l’hyper (par exemple) de donner les produits frais. « C’est un vrai plus pour nous, surtout que c’est Auchan qui nous a contactés pour récolter les produits » confie Sabine, responsable chez Emmaüs à Nanterre. Auparavant d’autres associations venaient faire la collecte mais elles ne venaient pas régulièrement et l’hyper avait du mal à organiser sa logistique raconte Carolina Cortissoz. La maison de l’amitié, implantée à La Défense qui vient en aide aux SDF, vient elle ponctuellement récolter du lait, du pain et de l’eau. Quant à l’association Parilis, elle passe deux fois par mois pour récupérer des vêtements.
A cela s’ajoute la redistribution d’une partie des invendus des fournitures scolaires après chaque rentrée scolaire à des écoles proches.
L’année dernière, l’hyper avait offert pour une valeur de 61 348 € de produits représentant 9,8 tonnes. Des chiffres d’ores et déjà bien supérieurs pour cette année puisque entre janvier et juin ce sont 10,4 tonnes de denrées qui ont été redistribuées soit équivalent 67 771 €.