Ils sont des dizaines à vivre plus ou moins cachés sous les tours de La Défense. Face à l’importante vague de froid qui touche actuellement la France, les sans-abris de La Défense tentent de survivre péniblement à des températures qui vacillent entre négatif et positif. « C’est vrai qu’il fait froid quand je sors dehors » lâche Didier, un SDF de 48 ans qui a élu domicile dans un souterrain de La Défense. Emmitouflé dans deux sacs de couchage et une couverture l’homme qui vit dans le quartier d’affaires depuis 2010 après avoir perdu son emploi en 1996 confie ne pas trop subir la baisse du thermomètre « J’essaye de rester le plus longtemps au lit ».
Sa vie tient dans un petit sac à dos
Didier fait en effet partie des nombreux sans domicile qui ont choisi les sous-dalles du quartier pour rester à l’abri de la pluie et se protéger du froid. Sa vie elle tient dans un petit sac dos et il la gagne en faisant la manche tous les dimanches sur un marché de Neuilly pour se faire une dizaine d’euros. Et pour se nourrir il n’a guère d’autre choix que de faire les poubelles des restaurants du quartier. Le quinquagénaire confie avoir bien tenté d’appeler le 115 à plusieurs reprises mais se heurte souvent à la même réponse « il y a plus de place ».
Pour passer ses journées il peut compter sur la Maison de l’Amitié une structure créée il y a une vingtaine d’années pour venir en aide aux démunis du quartier. Il admet y aller une fois par semaine pour prendre une douche.
« Ici on met les gens au chaud, on leur offre de la soupe »
Depuis 1999 se sont des milliers d’hommes et de femmes en grandes difficultés qui viennent passer quelques minutes ou quelques heures dans les locaux de cette association installée sous la dalle Carpeaux à deux pas du Cnit. « Notre rôle est essentiel ; en 2016 on a accueilli 1 442 personnes différentes avec plus de 20 000 passages » explique luc Durouchoux, le directeur de l’association créée en 1998 par Geneviève Gazeau. « Ici on met les gens au chaud, on leur offre de la soupe, on leur permet de se laver et de laver leurs affaires » poursuit-il. Mais chaque soir, l’association qui ne propose aucun hébergement faute de place doit faire partir les démunis.
Alors combien sont-ils à vivre dans les entrailles de La Défense ? Difficile de répondre avec précisions : « La plupart se mettent à l’abri dans des recoins en sous-dalle, souvent cachés. Certains se fixent en un lieu et d’autres ne font que passer » explique Marie-Célie Guillaume, la directrice de Defacto, l’établissement en charge de la gestion et l’animation de La Défense. « Nous réalisons actuellement une étude afin de savoir qui ils sont (leurs pays d’origine, si ils sont seuls ou en famille ; si ils ont un travail) et combien ils sont » poursuit-elle précisant que depuis trois ans Defacto a constaté une augmentation du nombre de nécessiteux mais aussi de femmes et de familles. Selon la Maison de l’Amitié ils sont au minimum 150 et pour une grande majorité étrangers venus des pays de l’est comme de la Roumanie ou de la Pologne.
Des maraudes réalisées par Emmaüs et le Samu Social deux fois par semaine
Même si les agents de sécurité de Defacto n’ont pas vocation à leur venir en aide, consigne est donnée d’être attentif à ces drames humains. « Nos agents ont pour instruction d’être vigilants par rapport aux situations individuelles, d’établir un contact avec les personnes rencontrées en cours de rondes et en cas de réel danger d’alerter le Samu Social » poursuit Marie-Célie Guillaume qui précise « des maraudes sont réalisées deux fois par semaine par Emmaüs et le Samu Social ».