Dépister le plutôt possible pour éviter les problèmes de cécité. C’est un combat de santé publique dans lequel s’est lancée l’association humanitaire Helen Keller Europe. Avec son programme PlanVue, l’ONG entend dépister la cécité évitable auprès d’un millier de jeunes élèves des classes de maternelle, primaire et collège des établissements scolaires Réseau d’Éducation Prioritaire (REP) et REP+ de Nanterre.
Si à l’origine l’association qui est née à Paris durant la Première Guerre mondiale sous l’impulsion de Helen Keller et Georges Kessler venait en aide aux soldats ayants perdu la vue, puis dans des pays pauvres d’Afrique et d’Asie, aujourd’hui elle s’est tournée notamment vers la banlieue parisienne et plus particulièrement à Nanterre.
À son lancement dans la première phase pilote (2018-2019), l’opération PlanVue s’était adressée à 531 élèves de cinq établissements de Nanterre. 23 % d’entre eux avaient alors été renvoyés vers un ophtalmo. Sur l’année scolaire 2019-2020 entachée par le confinement, PlanVue avait révélé une prévalence des troubles visuels chez 38 % des élèves âgés de 5 à 16 ans (sur 1 072 élèves testés), un taux qui s’élève à 43 % en REP + (contre 33 % en REP). Pour cette année scolaire, le projet a été élargi à huit autres établissements de la ville concernant ainsi 1 072 élèves.
Une attente souvent très longue pour un rendez-vous chez un ophtalmologue
« Un quart des écoliers du réseau d’éducation prioritaire souffrent de troubles visuels. Non détectés, ceux-ci peuvent avoir un impact significatif sur leur scolarité mais aussi sur leur intégration dans la société », indique Alix de Nicolay, directrice générale d’Helen Keller Europe.
L’attente souvent très longue pour un rendez-vous chez un ophtalmologue, le coût important des lunettes ou encore le parcours compliqué, sont souvent un frein pour les familles les plus modestes. Un renoncement qui peut avoir des conséquences dommageables pour les enfants au cours de leur croissance. « Ce constat est d’autant plus alarmant que la santé visuelle des enfants et adolescents tend à s’aggraver du fait d’une utilisation abusive des écrans et du manque de sorties à l’extérieur ; la lumière naturelle freine en effet la myopie », s’inquiète l’association. Plus tôt est dépisté le problème de cécité, plus tôt il peut donc être atténué. Aujourd’hui en France on estime en effet que ce sont près d’un enfant sur cinq qui souffrent de problèmes visuels.
« L’objectif de PlanVue c’est de prévenir et traiter les troubles visuels des élèves dans les zones prioritaires », explique Sydney Wheeler, directrice des programmes chez Helen Keller Europe qui mène son programme en cinq étapes : Sensibiliser puis dépister. Et en cas de défaillance détectée organiser un examen médical, équiper l’élève avec des lunettes et faire un retour sur l’expérience.
« Nous espérons élargir ce programme à de nouveaux territoires d’ici 2022 »
L’association qui fait appel à Cadet, une autre association d’orthoptistes va tester durant quelques minutes des élèves comme ces cinquième du collège Paul Eluard de Nanterre à deux pas de La Défense. « L’objectif ce n’est pas de diagnostiquer les problèmes car les tests ne sont pas assez aboutis. Les tests sont faits pour identifier un problème », détaille Sydney Wheeler. Si un enfant présente une défaillance visuelle, l’association va alors contacter sa famille, les invitant à se rendre chez Point Vision à La Défense qui est ophtalmologue partenaire de l’opération. « Si l’enfant a besoin de lunettes on l’accompagne dans la foulée au Général d’Optique du centre commercial Westfield Les 4 Temps », poursuit Sydney Wheeler. « Nous avons mis en place des partenariats pour que les familles n’avancent pas de frais », rajoute-elle.
« C’est grâce à l’engagement conjoint de nos partenaires publics et privés que nous pouvons aujourd’hui poursuivre et pérenniser notre programme PlanVue dans les écoles. Nous espérons élargir ce programme à de nouveaux territoires d’ici 2022 avec l’aide de nouveaux partenaires afin d’apporter une solution pragmatique aux barrières d’accès aux soins visuels des enfants et adolescents. », confie pour sa part Chantal Piani, la présidente d’Helen Keller Europe.