À en croire les belles paroles d’Emin Iskenderov lors de la présentation de son projet en 2009 (eh oui, déjà seize ans !), ses deux tours jumelles devaient se dresser fièrement dans le ciel de La Défense en 2016. Qu’importe les recours, le promoteur russe promettait de passer en force. Mais le jeune investisseur a été rattrapé par la réalité du terrain, entre des difficultés de financement, les lourdeurs réglementaires françaises, plusieurs recours juridiques et la résistance de certains habitants des Damiers (Infra, Anjou et Bretagne), cet ensemble résidentiel alors promis à la démolition. Mordicus, Emin Iskenderov avait revu son calendrier, assurant que ses tours aux usages mixtes (Logements de luxe, bureaux, hôtel…), hautes de deux fois 320 mètres, allaient briller sur la capitale pour les Jeux de Paris 2024.
Nous sommes désormais en 2025, les Jeux sont passés, et force est de constater que rien n’est sorti de terre face à la Seine. Car entre-temps, le promoteur -qui, au passage, n’a jamais été capable de détailler clairement le financement de son projet à 2,5 milliards d’euros- s’est brouillé avec Paris La Défense et n’a jamais acquis l’ensemble des Damiers à son actuel propriétaire, le bailleur social RATP Habitat. Il ne détient seulement quelques lots, dont d’anciens locaux commerciaux.
Lassé de cette situation sans fin, Paris La Défense veut mettre un point final à ce mauvais feuilleton. L’établissement public compte lancer avant l’été un appel à maîtrise d’ouvrage pour définir une nouvelle vie au quartier des Saisons, comme l’a récemment dévoilé Les Échos. Baptisée « Rives Défense », cette concertation impliquera les différentes parties prenantes, à commencer par RATP Habitat, qui, contacté, a refusé de s’exprimer sur ce dossier devenu très embarrassant pour la régie. « Nous allons faire en sorte d’avoir un chemin de projet qui convienne à tout le monde », confie Pierre-Yves Guice. Ce nouveau plan pourrait ainsi passer par une rénovation lourde de l’ensemble des Damiers.
Mais c’est sans compter l’incroyable entêtement d’Emin Iskenderov. L’homme d’affaires de 49 ans ne veut rien lâcher. Dans un article de Business Immo, le président d’Hermitage affirme « n’avoir aucune intention d’abandonner son projet ». Et alors que Paris La Défense affirme que les permis de l’opération sont périmés, Emin Iskenderov dément farouchement, s’appuyant sur des jurisprudences du Conseil d’État. Pour lui, ses permis sont valables jusqu’en juin 2027. Contacté, le promoteur n’a pas répondu à nos sollicitations.
