Véritable symbole de Nanterre et de ses années d’urbanisation, les tours Nuages signées d’Émile Aillaud vont enfin être rénovées et pour certaines changer d’usage. Érigées entre 1973 et 1981 dans le quartier du Parc Sud à quelques encablures de La Défense, les dix-huit tours Aillaud hébergent près de 1 600 logements sociaux appartenant aux bailleurs sociaux Nanterre Coop’ Habitat et Hauts-de-Seine Habitat.
Alors qu’il était envisagé au début des années 2000 de raser ces dix-huit tours emblématiques de la banlieue parisienne, la piste a rapidement été écartée face à la polémique. Toutes seront finalement réhabilitées. Toute sauf une, la plus petite sera détruite tout comme cinq autres immeubles d’habitation situés à proximité, le long de l’avenue Pablo Picasso.
Onze tours conserveront leur vocation d’origine, celui d’héberger en logements sociaux. Leurs façades en mosaïque si particulières ornées de fenêtres en forme de gouttes d’eau seront rénovées afin d’améliorer l’isolation thermique. Mais alors comment vont s’habiller les tours ? La ville souhaite les revêtir de plaque en inox et non « en ferraille », souligne Patrick Jarry, le maire (Gauche Citoyenne) de Nanterre. Un premier test à grande échelle sera mené d’ici un an sur le bâtiment du 15, allée des Demoiselles d’Avignon.
Pour financer ce vaste programme d’embellissement, les deux bailleurs sociaux vont pouvoir en partie compter sur une subvention de près de 95 millions d’euros (57 millions de subvention accordés par l’État via l’Agence Nationale de Renouvellement Urbain (ANRU) et 38 millions de prêt bonifié donné par Action Logement). Une convention du Nouveau Programme de Renouvellement Urbain (NPNRU) qui a été signée le 1er février dernier par Anne-Claire Mialot et Olivier Klein, respectivement directrice et président de l’ANRU en présence du préfet des Hauts-de-Seine, Laurent Hottiaux et du maire de Nanterre.
Les six autres tours seront cédées à des acteurs privés (une est cependant en suspens) dont trois à Altarea Cogedim afin de voir leur usage évoluer. L’ambition est d’y installer entre-autres une résidence pour jeunes actifs et entrepreneurs, une auberge de jeunesse, des logements en accession libre ou encore un pôle de santé et de loisirs. Le quartier du Parc passera ainsi à « 75 % de logements sociaux contre 95 % aujourd’hui » a précisé Laurent Hottiaux. Si les tours rénovées par les bailleurs seront revêtues d’inox, les six tours transformées pourraient conserver leurs petits carreaux de faïence. « Il y a encore un débat », précise Patrick Jarry.
Cette évolution des tours Nuages qui vise à apporter plus de mixité sociale mais aussi urbaine va s’accompagner par un relogement d’un millier de familles. Elles devront être relogées dans le secteur ou bien dans le nouveau quartier des Groues au rythme de 120 ménages par an jusqu’en 2029. Pour aider les locataires à trouver un nouveau logement, une plateforme unique sera lancée par les quatre bailleurs présents dans le quartier dont Nanterre Coop’ Habitat et Hauts-de-Seine Habitat.
L’objectif de Nanterre est d’ici à 2030 de reconfigurer ce quartier à la mauvaise réputation, souvent gangréné par les trafics de drogues et violences urbaines. « Le choix est de changer l’urbanisme avec non pas l’habitat d’un côté et puis les services ailleurs mais d’utiliser les pieds des tours pour les rendre vivants », indique Patrick Jarry.
Au total 1 170 logements sociaux seront ainsi réhabilités et 490 reconvertis dont 200 en accession libre et 20 000 mètres carrés en activités, services et équipements. Si 220 logements sociaux vont être détruits, 375 autres en accession ou en locatif intermédiaire seront érigés. Un nouvel équipement culturel sera construit et les groupes scolaires Maxime Gorki et Jacques-Decour seront modernisés.