En plus de trente ans il en a vu défiler des personnalités politiques de la droite altoséquanaise. De Charles Pasqua à Nicolas Sarkozy en passant par Patrick Devedjian son dernier locataire, l’ancien Hôtel du département accolé à la préfecture est désormais de l’histoire ancienne. Les élus du département ont approuvé ce lundi la cession pour 101 millions d’euros de ce bâtiment de 40 000 mètres inauguré en 1987 par Jacques Chirac, alors Premier ministre.
Mis en vente en janvier 2018, l’ancien Hôtel départemental délaissé par ses fonctionnaires quelques mois plus tard au printemps de la même année va être acquis par Novaxia, un investisseur spécialiste dans la transformation urbaine. L’offre de Novaxia a été distinguée parmi les douze autres par le département et la ville de Nanterre puisqu’elle était la seule à proposer de conserver l’enveloppe du bâtiment mais aussi à payer comptant sans condition suspensive et sans délai la somme. Une aubaine pour le département alors que l’entretien du bâtiment coûte un million d’euros par an à la collectivité.
« Ne pas démolir c’est le premier acte écologique »
« Démolir ce n’était pas forcement l’idée la plus adaptée à ce site pour des raisons écologiques. J’ai coutume de dire que ne pas démolir c’est le premier acte écologique, explique Joachim Azan, président-fondateur de Novaxia. L’impact de la démolition sur l’empreinte carbone aurait été de 1 150 kg/co2/m2 alors que la rénovation n’est que de 600 ». La conservation du bâtiment va aussi permettre de préserver les quelques 5 000 mètres carrés de jardin situés à son pied.
« Ce bâtiment on l’aime ou on ne l’aime pas, les gens de Nanterre y sont habitués. L’enjeu c’est de considérer ce bâtiment comme un bout d’histoire de Nanterre et de le projeter dans l’avenir », poursuit Joachim Azan. Outre l’aspect écologique et affectif, la destruction de cet immeuble aurait pu être délicate en raison de sa proximité directe avec le Tribunal et la préfecture.
Mais alors que va faire Novaxia pour redonner vie à l’ex-QG du département ? Pour muter ce bâtiment d’une dizaine d’étages souvent qualifié de « passoire thermique » par Patrick Devedjian, Novaxia a confié la transformation à un trio d’architectes réunis dans l’agence Nouvelle AOM (Nouvelle agence pour l’opération Maine-Montparnasse fondée par ChartierDalix Architectes, Franklin Azzi Architecture, et Hardel Le Bihan Architectes). L’immeuble sera déshabillé de sa façade aujourd’hui datée pour être remplacée par un voile de verre. Le nouvel immeuble sera ancré sur 5 000 mètres carrés de pelouse, disposant de 3 100 mètres carrés de balcons et toitures paysagers, d’un jardin intérieur et de serres agricoles.
Un campus urbain de 40 000 mètres carrés agrémenté d’un parc de 5 000 mètres carrés
L’objectif est d’en faire un véritable campus urbain de 40 000 mètres carrés hébergeant des bureaux, des espaces de coworking, une crèche mais aussi des espaces de sports et de restauration. Mais pas que…
L’ancien hémicycle chargé d’histoire ou tant de débats houleux se sont produits serait conservé. « On pourrait y faire un auditorium ouvert, une salle événementielle, imagine Joachim Azan. Notre idée c’est de capitaliser sur l’histoire du bâtiment ».
Un mur d’escalade, une fosse de plongée ou des salles de sport ?
Si la programmation n’est pas encore clairement définie, Joachim Azan promet un bâtiment plein de surprises avec pourquoi pas un mur d’escalade, une fosse de plongée ou des salles de sport. Des idées saugrenues ? Pas tant que ça puisque Novaxia qui s’est spécialisé dans ce genre de défis urbains va prochainement transformer l’ancienne station de métro abandonnée Croix-Rouge sur la ligne 10 à Paris en un bar restaurant.
Le projet devrait être lancé en blanc, c’est-à-dire sans qu’un ou des locataires ne soient trouvés avant le début des travaux. Mais avant, Novaxia lancera sa demande de permis de construire d’ici six mois. La mutation devrait alors durer 24 mois et c’est en 2023 que le bâtiment repartira pour une nouvelle vie.