La salle du conseil était bondée en ce jeudi soir, au point que certaines personnes du public ont dû être dirigées vers la salle des mariages adjacente. Après presque deux décennies à la tête de la deuxième ville la plus peuplée du département, Patrick Jarry (Gauche citoyenne) a transmis le flambeau à son adjoint, Raphaël Adam.
Très ému, Patrick Jarry, 69 ans, a justifié auprès de ses administrés les raisons de son départ de la mairie de Nanterre, mené « en conscience ». « Il est inutile de chercher des secrètes raisons à ma décision. Il est inutile de m’inventer des maladies, d’imaginer d’obscurs calculs politiciens ou de considérer que les événements dramatiques que nous avons connus en juin dernier avec la mort injustifiable du jeune Nahel et les trois nuits de violences intolérables qui ont suivi, aient précipité ma décision. Je pense tout simplement au lendemain », a affirmé Patrick Jarry.
« Je n’ai qu’un regret. C’est que la transformation sociale et urbaine du quartier du Parc et du Chemin de l’Ile ne se fassent pas plus vite », a ajouté l’édile quelques minutes avant de rendre les clefs de la mairie. Toujours opposé au modèle d’urbanisme et économique du plus grand quartier d’affaires d’Europe, Patrick Jarry n’a eu de cesse durant ces mandats de de ne pas vouloir faire de sa ville « l’arrière-cour » de La Défense.
Jusqu’alors, 16ème adjoint au maire en charge de l’urbanisme et de l’aménagement, Raphaël Adam, âgé de 36 ans a été élu à une très large majorité en obtenant 42 des 44 voix exprimées. Six membres de l’opposition de droite ont boycotté le scrutin.
Jeune habitant de Nanterre, Raphaël Adam, a salué le bilan de son prédécesseur. « En Île-de-France, rares sont les villes qui ont réussi leur mutation sans mettre à la porte les plus modestes. Nanterre, elle, y parvient », s’est exprimé le nouveau maire de Nanterre promettant de poursuivre l’action de Patrick Jarry. « J’ai bien conscience que devenir maire en cours de mandat et non après avoir mené une liste ne manquera pas de susciter des interrogations. Et c’est légitime. Le moment venu nous serons jugés sur nos actes par les nanterriens et les nanterriennes et cela me va bien », a-t-il confié.
« Le roi est venu présenter son héritier », a ironisé pour sa part l’opposante de droite et membre du groupe Camille Bedin, Madeleine Maufrais. « Il y a 19 ans vous êtes entré dans cette fonction par la petite porte, vous en sortez aujourd’hui par la même porte », s’est moqué pour sa part, Christophe Ribault.
Raillé par l’opposition, cette passation de pouvoir s’inscrit dans une vieille tradition communiste à Nanterre. En 2004, la maire communiste (PCF) Jacqueline Fraysse, avait déjà délaissé son mandat en cours de route pour le laisser à Patrick Jarry. Et elle-même avait récupéré la mairie en 1988 auprès de son camarade Yves Saudmont (PCF) qui avait lui-même repris le siège de Raymond Barbet (PCF) en 1973.
Après cette démission qui n’est finalement pas vraiment une surprise, Patrick Jarry ne va pas pour autant partir à la retraite. Cet amoureux de Nanterre va continuer à siéger au conseil municipal en tant que simple élu et surtout garder ses autres mandats. « Je continuerai de porter la voie de Nanterre au sein du conseil métropolitain et du conseil départemental », assure Patrick Jarry.