Un an après, tristesse et colère sont toujours dans les têtes de bon nombre de nanterriens. 650 personnes, selon la préfecture, se sont réunies ce samedi à Nanterre pour un nouvel hommage à Nahel, 17 ans, tué d’une balle tirée à bout portant par un motard de la police après un refus d’obtempérer. La mort de cet adolescent avait entraîné des émeutes d’une extrême violence d’abord à Nanterre puis partout en France.
Derrière une grande banderole « Justice pour Nahel et pour tous les autres », Mounia Merzouk, la mère de l’adolescent originaire de la cité Pablo Picasso et nombre de ses amis se sont élancés de l’esplanade du Général de Gaulle. Après un peu de confusion, le cortège, encadré par des jeunes -dont certains en scooter- de Nanterre et des médiateurs de la ville, a emprunté le boulevard Pesaro en direction de la place Nelson Mandela, là où s’est noué le drame.
Habillée d’un t-shirt blanc évoquant « l’exécution » de Nahel, sa mère a pris la parole face à la foule, bien moins nombreuse que la première marche du 29 juin 2023 qui avait dégénéré. « La douleur que j’ai à l’intérieur elle est invivable. Je ne souhaite à personne de perdre son enfant comme ça. Quand je me réveille le matin, la chambre de mon fils est vide. C’est trop dur pour moi », s’est exprimée en sanglots Mounia Merzouk.
Un an plus tard, Mounia Merzouk ne comprend toujours pas le tir mortel du policier. « Un refus d’obtempérer, qui n’en fait pas dans la vie ? Qui ne conduit pas sans permis ? On a tous essayé sans avoir le permis », a-t-elle scandé, disant en vouloir aux deux policiers impliqués. « Je ne l’oublierai jamais, il me manque », a lâché très affectée sa grand-mère.
Après plusieurs prises de parole, une minute de silence, une longue prière en arabe puis des fumigènes allumés, le cortège est reparti vers son point de départ, l’esplanade du Général de Gaulle, aux cris de « Pas de justice, pas de paix » et « Justice pour Nahel ». Ne voulant pas se lancer dans un débat politique à la veille d’un scrutin crucial pour l’avenir du pays, Mounia Merzouk a simplement invité les jeunes à « se réveiller ». Dans la foule, Mathilde Panot et Rima Hassan (LFI) et Assa Traoré sont restées discrètes.
Pour l’heure, aucune date n’a encore été fixée pour un procès. Une reconstitution des faits a eu lieu le 5 mai dernier en présence de Florian M., le policier auteur du tir, son collègue présent ce jour-là et leurs avocats. Deux amis de Nahel présents dans le véhicule au moment du drame étaient également convoqués. Avec cette très longue reconstitution, les juges en charge de l’affaire ont tenté de comprendre l’exactitude des quelques dizaines de secondes qui ont conduit le motard de la police à tirer sur Nahel, et surtout déterminer si le tir était justifié ou non.
Florian M., âgé de 38 ans au moment des faits, a été mis en examen pour meurtre et placé en détention provisoire pendant cinq mois. Il avait été libéré et placé sous contrôle judiciaire en novembre dernier après de multiples requêtes de son avocat.