Raffineurs et écologistes main dans la main. Les raffineurs de la plateforme Total Grandpuits (77) se sont une nouvelle fois rassemblés ce mardi à La Défense au pied de la tour Michelet, l’annexe du siège du groupe français pour s’opposer au projet de transformation du site en production de biocarburants et de bioplastiques.
Mais le projet dévoilé en septembre dernier qui représente un investissement de près de 500 millions d’euros fait bondir les salariés de cette plateforme inaugurée par Georges Pompidou en 1966. Car cette évolution devrait se traduire par la suppression de 200 emplois dans le groupe et 500 chez ses sous-traitants. Vent debout contre l’idée validée ce mardi par le géant français qui en plus d’annoncer une perte nette de 7,2 milliards en 2020 a indiqué qu’il se renommait « TotalEnergies », les raffineurs voulaient dénoncer une opération de « greenwashing » doublée d’une « casse sociale ».
« Nous demandons aucune suppression d’emploi. Le projet est mal pensé en termes de maintenance et de sécurité. Le modèle ne fonctionnera pas avec les normes sociales et environnementales en France. Pour la suite la prochaine étape sera de mettre la pression sur la Direccte pour qu’elle ne laisse pas faire Total qui nous met en danger », affirme Adrien Cornet, délégué syndical CGT de la plateforme pour qui le projet n’est en rien « écologiste ».
Malgré quelques moments de tension avec les forces de l’ordre lorsque des manifestants ont tenté d’investir la tour, la mobilisation s’est tenue dans le calme.
La bonne soixantaine de raffineurs mobilisés durant une partie de la journée a pu compter sur une grosse centaine de soutiens venus notamment de la RATP ou de la SNCF mais aussi de militants du NPA, de la CGT ou encore de Clémentine Autin et François Ruffin de La France Insoumise (LFI). « Votre lutte est absolument emblématique. En laissant pourrir le matériel et le pipeline (une conduite de 260 kilomètres qui relie le pétrole brut de Grandpuits au Havre, ndlr), Total a organisé le caractère défectueux de la raffinerie », a scandé aux manifestants la députée Clémentine Autin.
Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez était aussi de la partie. « Je suis là pour soutenir les grévistes et montrer que la CGT, elle, tient à ce que le social et l’environnemental marchent ensemble », a affirmé Philippe Martinez.
Chose surprenante, les Grandpuits ont surtout été rejoints par des écologistes des Amis de la Terre et de Greenpeace qui entendaient dénoncer le « greenwashing et la casse sociale ». « Que des écolos soient à côté des raffineurs a dû en étonner plus d’un », a admis Cécile Marchand, chargée de campagne aux Amis de la Terre France. Préparer un avenir sans pétrole ça ne se fait pas n’importe comment. « Arrêter le raffinage à Grandpuits ça n’a rien à voir avec la sortie du pétrole et du gaz pour Total. La seule raison c’est qu’ils ne veulent pas payer les coûts de réparation du pipeline », a-t-elle dénoncé. Car pour les organisations écologistes les activités de bioplastique et d’agro-carburants sont « pire » puisqu’elles utilisent des terres agricoles.
« Aujourd’hui on a compris que la transition écologiste et sociale doit être travaillée ensemble. On ne gagnera rien si on reste chacun de notre côté. Total prétend faire un projet écolo alors que c’est absolument faux. Total fait de la casse sociale sous couvert de transition écologiste », a affirmé Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace lors de la mobilisation.