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vendredi 22 novembre 2024
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Christian Pellerin : « Une justice qui s’est acharnée contre moi »

Christian Pellerin, l’ancien président de la SARI qui a construit une grande partie des immeubles de bureaux et d’habitations à La Défense au cours des années 80 et 90, publie le mercredi 15 octobre 2014, ses mémoires. Il a accepté de répondre à nos questions.

 

D’où vient votre passion pour l’immobilier ?

Elle m’est venue lorsque, pour financer mes études à l’ESSEC, j’ai vendu des appartements, puis par la suite, j’ai été stagiaire dans une entreprise de promotion immobilière : ce métier m’a plu.

 

Pourquoi ce livre ?

J’ai fait ce livre, car j’ai accompli de « grandes choses »; cela relève peut-être d’un grand égo de dire ceci, mais je crois que j’ai quand même réalisé de grands projets et ai servi mon pays et particulièrement la région Ile-de-France par le rôle que j’ai tenu à la fin des années 70, à La Défense qui était alors un chantier en perdition. J’ai amené beaucoup de moi-même avec mes collaborateurs et je me suis attaché à ce site. Ensuite les aléas de la vie m’ont amené à des temps difficiles, je les ai surmontés et reste toujours un homme tourné vers l’avenir.

Pour vivre celui-ci, à travers ce livre j’ai donc tenu à expliquer ce que j’avais fait, qui j’étais et pourquoi je n’avais pas écrit avant.

En effet, quand vous êtes capitaine d’un navire, en pleine mer, et que la tempête se lève, si vous voulez arriver au port vous n’envoyez  pas toute la voile au risque de vous faire couler définitivement par les bourrasques médiatiques.

Une fois arrivé au port, vous racontez votre aventure.

 

Les recours administratifs sont ils un frein aux projets en France? Faut-il assouplir les règles en réduisant la réglementation dans ce domaine ?

Je crois d’abord qu’il faut être très strict sur l’acceptation d’instruire les recours contre les permis de construire, et punir fortement les « dérives » qui sont des moyens de chantage et d’extorsion de fonds. Il faut être clair les recours abusifs sont connus et pratiqués, et sans sanction. Il y a déjà eu des exemples donnés dans la presse.

Un exemple existe à Courbevoie, pour lequel on ne peut que s’interroger; c’est le cas d’ une association telle que « Les Amis du Faubourg de l’Arche » qui se créée, a des bureaux loués à la journée pour se domicilier et pouvoir ester en justice et dont c’est une même famille, les Chaouats, habitant à l’est de Paris, qui crée et tient (président trésorier, secrétaire) toute l’association, qui intervient sur internet, dans la presse, écrit des correspondances aux maires, aux préfets et aux notaires éventuels en les menaçants de poursuites et dans un même temps fait des recours contre une quantité de permis de construire; on peut s’interroger lorsque que les dits recours entrepris sont levés sans aucune modification de ceux-ci et accompagnés par  la passivité totale du maire Jacques Klossowski, face à cette situation qui perdura de longs mois. L’Association disparaitra besogne faite; son Président vit aujourd’hui en Israël; seul son ami et pourvoyeur de ses fonds excelle aujourd’hui dans les Affaires en Europe.

Auparavant la même équipée était déjà intervenue à côté du Ministère de l’intérieur ! Et à Marseille!

 

Comment imaginez-vous La Défense dans 20 ans ?

La Défense dans 20 ans, d’abord c’est un lieu extraordinaire. Dans la période actuelle nous sommes face à une crise économique. Les loyers de La Défense vont être amenés à retrouver des niveaux plus raisonnables pour les cinq à dix ans qui viennent compte tenu  de ce qui est proposé sur le marché. Faut-il continuer à faire des prouesses techniques à La Défense à des prix vertigineux ? Faut-il que l’Epadesa continue à vendre des droits à construire en des lieux qui gênent la vie quotidienne de La Défense, et en plus à des coûts d’infrastructure qui sont énormes. La Défense doit continuer, mais sur le grand axe où d’autres terrains sont mobilisables [ndlr : les terrains de Peugeot à la Garenne Colombes], mais aujourd’hui ce qui est au cœur de La Défense suffit. On ne peut faire de ce quartier un perpétuel chantier en « bourrant » tout espace faussement disponible.

 

La Défense est-elle toujours un quartier attractif malgré les quartiers concurrents ? 

La Défense c’est d’abord une adresse reconnue internationalement, mais aussi des réalisations de grande qualité. Mais ce qui est dommage c’est d’en faire un chantier éternel parce qu’au bout de 30 ans -ce que je ne vois pas à New-York- on voit des tours se faire démolir. En fait il faudrait des tours de toutes générations et de tout budget pour créer un vrai marché et pas un « marché du plus cher ». Il faut réguler tout cela, pour maintenir ce rayonnement;  il faut absolument que la liaison avec les aéroports soit réglée.

 

La Défense est elle devenue la « Concorde du XXIème siècle » ?

J’ai dit lorsque j’ai commencé mes constructions à La Défense, avec l’immeuble la « Maison de La Défense » donnant sur la Place de La Défense,  que pour moi c’était la place de la Concorde du XXIème siècle. La Défense et son Esplanade sont l’espace du XXIème siècle.

 

Quelle est la réalisation à La Défense à laquelle vous avez participé dont vous êtes le plus fier ?

Je pense au CNIT d’abord; tous les immeubles de bureaux que j’ai faits c’était pour amener le meilleur confort énergétique, d’éclairage, la meilleure convivialité. Mais le CNIT pour moi est l’outil qui manquait à La Défense et c’est dommage que la Grande Arche ne se soit pas jointe aux 4 Temps et au CNIT pour créer un vrai tout. Aujourd’hui ce n’est pas le cas car l’Arche n’existe plus, non pas en terme architectural. C’est un merveilleux bâtiment, mais en termes de vie, elle n’existe plus.

 

Quelle est / sont le(s) projet(s) que vous regrettez de ne pas avoir réalisé à La Défense ?

Je regrette de ne pas avoir été écouté lorsque le projet merveilleux de la Grande Arche a été choisi. Ce bâtiment était destiné au centre de la communication qui n’a jamais existé si ce n’est dans les rêveries solitaires et grandiloquentes de Robert Lion et d’un dénommé Maxwel dont on a connu la triste aventure.

L’Arche aurait dû avoir un rôle fondamental d’animation au moins dans son socle et sa terrasse avec l’ascenseur.

Entre autres, il aurait fallu que les hélicoptères se posent sur le toit pour une liaison directe avec les aéroports parisiens. On aurait facilité le rayonnement international de Paris, en apportant moins de nuisances qu’à l’aéroport d’Issy-les-Moulineaux.

 

Estimez-vous que la justice s’est acharnée contre vous ?

Oui, une justice s’est acharnée contre moi. En effet il y a eu un certain nombre de gens qui ont voulu m’éliminer et profiter de ce que j’avais créé, par jalousie peut-être mais surtout par intérêt.

Ces gens là ont trouvé alliance et j’ai assisté à un incroyable lynchage et à un dysfonctionnement de la Justice, aveugle car manipulée.

Mais la justice institution respectable et fondamentale de notre pays, existe. Il y a des hommes de grande qualité et d’autres de piètre qualité, car sinon je n’aurais pas obtenu malgré les pressions qui existaient, des non- lieux dans l’affaire de la tour BP.

Et encore un non-lieu en 2013 sur une plainte et des supplétifs successifs portant sur une petite dizaine de  supposés délits dont le plus ridicule : problème ABS de 900 millions sur une société qui m’appartenait et qui n’avait comme CA que 5 millions les meilleurs années !

Plus récemment, un non -lieu a également été prononcé dans l’affaire des dénonciations calomnieuses de mon ex- épouse Valérie Muller, après 9 années de procédure et une mise en prison préventive de sept semaines à Nanterre sans que je ne puisse voir quiconque, même pas mes enfants.

Mais aussi arrêt des poursuites dans l’affaire « des mètres carrés fantômes », dans laquelle je n’ai jamais été mis en examen malgré le déferlement médiatique qui me voyait déjà dans les geoles.

 

Dans le dossier dit de la « fraude aux mètres carrés  » dans votre livre vous émettez des doutes sur cette procédure: vous considérez quelle était ciblée contre vous, pourquoi ?

On a tenté de me mettre en cause dans cette affaire créée par la fameuse association des Amis du Faubourg de l’Arche, à grands coups d’annonces médiatiques et d’une très longue et coûteuse enquête du gendarme Dukarski, déjà passionné par La Défense et soucieux des intérêts de mon ex-épouse.

Dans cette affaire, je n’ai jamais été mis en examen, après que, entendu par le Juge d’instruction, l’Architecte en Chef du quartier, Bernard Lamy, informa la Juge avec un dossier complet, que le décompte des M2 litigieux existait pour accompagner l’évolution des technologies de climatisation depuis dix ans.

En effet il existe des milliers de M2 de ce type, dans bien des immeubles, où ma société n’était pas concernée. C’est le cas dans toute l’Ile de France, entre autres à Paris dans la ZAC Avant Seine, et même le Praetorium à la Défense dont  le permis de construire a été délivré au temps où Nicolas Sarkozy était président de l’Epad était concerné.

Pour clore l’affaire et je pense, éviter une procédure inutile, et le ridicule d’une enquête ciblée totalement sur moi, si couteuse et longue, alors, comme par chance…! La prescription des prétendus délits a été déclarée.

Etonnantes ces dépenses de justice pour une affaire prescrite. Le code pénal n’a pas changé en cinq ans !

Mais pas la même chance pour Adria, l’une des quatre Tours visées pour m’abattre,  qui ne me concerne pas, les faits ne sont pas prescrits et la Cour de Cassation renvoie le dossier au Juge pour continuer l’instruction sur cette tour pour déterminer s’il y a délit ou non ?

 

Savez vous ou en est cette affaire ?

Je sais que cette tour était dans les éléments étudiés par la justice et que normalement tous les soi-disant griefs sur les M2 réalisés ont été établis par une expertise judiciaire.

A ma connaissance aucune suite n’a été donnée à ce jour au dossier revenu à l’instruction.

 

Si vous n’étiez pas concerné par cette Tour quelle société en a été le constructeur ?

La Sari devenue filiale de Nexity.

 

Mais vous étiez  président de Sari ?

Non à cette époque Sari était devenue filiale d’une société qui deviendra Nexity et le Président de la société Sari en charge de la construction d’Adria était Stéphane Richard qui quittera plus tard la société et le groupe Nexity fortune faite par un LBO (Achat à effet levier) réussi, laissant les rênes à un vrai professionnel de l’immobilier Alain Dinin.

 

Pensez-vous que la carrière de Stéphane Richard soit la raison de l’endormissement de ce dossier ?

Il y a plusieurs hypothèses, la justice sait cibler ses actions dans certains cas, j’en sais quelque chose, et il n’est pas la cible.

Deuxième hypothèse. La justice sait que cette procédure est sans fondement réel et veut éviter le ridicule en endormant le dossier délibérément.

Autre Hypothèse la lenteur de la justice est naturelle et le dossier va être traité.

 

Souhaitez-vous que ce dossier soit réellement traité ?

Oui, mais ma réponse n’est, en aucun cas, de nuire à Stéphane Richard, qui est déjà concerné par d’autres affaires, et je sais qu’il ne risque rien dans celle ci puisqu’il n’y a pas de délit mais cela permettrait d’établir et de confirmer définitivement la non réalité de toute fraude au  sujet des M2 « fantômes ». Ce soupçon plane aujourd’hui  encore sur les milliers de m2 construits en Ile de France et ailleurs par les sociétés que j’ai dirigées et par bien d’ autres sociétés qui ont opéré de la même façon; cela dissiperait  l’opprobre nauséabonde  qui plane sur les immeubles construits avec ces techniques d’avant garde et qui sont la fierté de notre parc tertiaire.

 

Que pensez-vous des projets Hermitage et Phare ? sont-ils trop ambitieux pour La Défense ou au contraire le quartier manque t-il de ce type de projets ?

J’ai un intérêt pour le projet Hermitage qui est un Plus pour La Défense. Maintenant sera-t-il bien reçu sur le marché parisien ? Je réponds « oui » pour des gens qui viennent de l’étranger, mais pour les parisiens eux mêmes ce n’est pas fait pour eux, sauf quelques exceptions. Je crois à ce projet et je souhaite qu’il réussisse car il est très ambitieux.

Ce projet est beaucoup plus utile que la Tour Phare qui fait partie de ces immeubles qui ont été conçus sur des terrains qui n’existaient pas en polluant La Défense actuelle et son circulaire, et en engageant des coûts considérables de reprise en sous œuvre et en nécessitant la démolition d’une passerelle qui venait d’être inaugurée et qui a coûté 14 M€. Il ne faut pas boucher des trous à gauche et à droite pour créer des mètres carrés; cela nuit à ce qui est construit. Mais cela ne veut pas dire que les projets de ces tours ne sont pas très beaux pour certains.

 

Votre dernière réalisation à La Défense fût l’immeuble Adamas en 2010: avez-vous envie de revenir à La Défense avec un ou des nouveau(x) projet(s) ?  

La Défense doit aujourd’hui digérer ce qui est construit et les immeubles en mutation et l’heure n’est pas à relancer des opérations à La Défense. Cela va être le problème pour l’aménageur. Pour mon retour aux affaires à La Défense, objectivement on ne revient jamais sur le terrain du crime [rire]; aujourd’hui j’ai le plaisir de construire au Brésil, j’apprends à connaitre un nouveau monde, un nouveau climat et donc je suis bien où je suis. Mais la porte n’est pas totalement fermée.

 

Un épisode amusant que vous ne racontez pas dans votre livre : le jour de l’inauguration de la tour Pascal, World II nouveau siège de IBM Europe

Les présidents d’Otis et d’IBM et moi-même sommes restés bloqués un bon moment dans l’ascenseur. Pour OTIS, ces Ascenseurs, la nouvelle génération ELEVONIC, étaient les premiers installés  et les plus rapides au monde. Le personnel de maintenance étant en pause déjeuner il y’avait personne pour nous sortir de là rapidement et nous fûmes obligés de passer dans un autre ascenseur par une passerelle au dessus du vide de 25 niveaux.

Je suis également resté coincé dans un ascenseur du CNIT la veille du G7 avec les hauts responsables de la Préfecture et de la Police. Cette dernière était une femme  prévoyante car, heureusement  juste avant de monter dans l’ascenseur, elle avait pris une bouteille d’eau, car nous sommes restés coincés près d’une heure. Le système d’alarme de la machine ne fonctionnant pas et les derniers travaux  faisant beaucoup de bruit, personne ne nous entendait crier. Nous criions à chaque arrêt des engins de chantier. Evidemment il n’y avait pas de téléphone portable [sourire].

Le Général De Gaulle était lui-même resté coincé lors de l’inauguration du Cnit en 1958.

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