C’est un crève cœur pour l’artiste. Vincent Treu accompagné de trois amis a procédé à la destruction de son œuvre « Europa » samedi 3 mars 2012. Vincent Treu avait présenté 14 œuvres à travers l’exposition « Les Monumentales » organisée du 9 juillet 2010 au 19 septembre 2010, puis prolongée jusqu’au 24 octobre 2010 sur l’esplanade du générale de Gaulle. L’exposition livrée « clefs en main » par l’artiste à Defacto avait coûté 200 000€, financés par des fonds privés. A la fin de l’exposition sur les 14 oeuvres, 13 œuvres avaient quitté le site sans problème. Cependant une œuvre « Europa » la plus importante n’avait alors pas quitté l’esplanade.
L’artiste nous confiait en novembre 2010 que Defacto pourrait racheter son œuvre. Depuis la fin de l’exposition l’œuvre était toujours présente sur l’esplanade.
Le sculpteur a reçu un courrier en date du 21 février 2012 d’un cabinet d’avocat parisien mandaté par Defacto lui demandant l’enlèvement de son œuvre dans un délai de 10 jours sous peine d’une astreinte de 1 000 € par jour. En plus de cette mise en demeure Defacto lui demande dans le courrier de s’acquitter de la somme colossale de 540 135€, correspondant à 15 mois d’occupation illégale du terrain.
Résigné avec beaucoup de colère et ne pouvant déplacer son œuvre de 2 tonnes l’artiste a été contraint de la détruire ce samedi dès 10h30. En moins d’une heure la sculpture en acier de 5 mètres de haut n’était plus qu’un ensemble de sept morceaux d’acier. « C’est comme me couper le bras » déclare-il qualifiant Defacto de « Voyou » et de « lâche ».
« Ils savaient très bien que cette sculpture était difficilement transportable; elle se transporte mais cela aurait coûté extrêmement chèr » explique l’artiste qui affirme que Defacto par le biais de son président Patrick Devdjian lui avais promis lors du vernissage en septembre 2010 de conserver l’œuvre dans le quartier à l’issue de l’exposition. L’artiste assure qu’il y a à peine un mois Defacto lui proposait encore de déplacer son œuvre pour l’installer au pied de la tour Ariane soit quelques dizaines de mètres plus loin et qu’il était prêt à la céder gratuitement.
« Si je voulais conserver ma sculpture intacte et lui faire quitter le quartier, il aurait fallu que je débourse encore entre 25 000€ et 30 000€ » précise Vincent Treu qui déclare ne pas avoir l’argent.
Dans un communiqué Defacto se défend des accusations de l’artiste et explique avoir besoin de l’emplacement pour accueillir la biennale du mobilier urbain en mars prochain sur l’esplanade du général de Gaulle. « Vincent Treu a sollicité Defacto en 2010 pour organiser une exposition temporaire de ses œuvres dans le cadre prestigieux de La Défense. Nous avons accepté de l’accueillir afin de permettre à un jeune artiste de se faire connaître du plus large public. Au terme de l’exposition, comme il s’y était engagé contractuellement, il a retiré sans difficulté toutes les œuvres sauf une, précisément située sur l’axe historique, lui permettant de bénéficier d’une visibilité, d’une référence et d’une notoriété exceptionnelles, dans le voisinage des grands artistes dont les œuvres constituent le musée à ciel ouvert de La Défense. Defacto, qui a fait preuve de bienveillance en consentant à différer la dépose de cette œuvre ne pourra tolérer plus longtemps d’être mis devant le fait accompli. Nous sommes dans un état de droit, nul ne peut en toute impunité y déroger. Il est de notre mission d’y veiller »
Laurent Roques, directeur générale adjoint de Defacto accuse l’artiste « d’avoir profité d’une situation tout à fait remarquable pour donner de la visibilité à son œuvre ».
Mais, malgré le destruction de sa sculpture, les soucis de Vincent Treu ne sont pas pour autant finis; l’artiste devra régler les frais de l’occupation dominicale « 540 135€ pour moi c’est une exécution pure et simple; si ils sont décidé à aller jusqu’au bout non seulement ils détruisent une œuvre d’art mais ils détruisent un artiste ».