Une nuit tragique que Nanterre n’a pas envie d’oublier. Il y a vingt ans, le 27 mars 2002 à 1h15 du matin, alors que le conseil municipal s’achève à l’hôtel de ville de Nanterre, un homme installé dans le public, Richard Durn (23 ans), connu comme militant écologiste, se lève et fait usage d’armes à feu préalablement dissimulées sous sa veste.
Méthodiquement et sans aucune compassion il tire froidement avec ses trois armes automatiques sur les élus, un à un, se déplaçant de pupitre en pupitre. La fusillade dure cinquante secondes. Une petite minute d’horreur durant laquelle il fait feu à trente-sept reprises. Huit élus, succomberont à ses balles et dix-neuf autres (dont quatorze grièvement) seront blessés. Richard Durn sera finalement appréhendé par Gérard Perreau-Bezouille, sept autres élus et un agent communal puis criera « Tuez-moi ».
Durant cette nuit le bourreau emporta Louisa Benakli, 40 ans (avocate et membre du PCF, adjointe déléguée à l’enfance) ; Christian Bouthier, 46 ans, (membre du PCF, conseiller municipal depuis 1998) ; Jacotte Duplenne, 48 ans, (Institutrice spécialisée auprès d’enfants handicapés, militante du PCF, adjointe déléguée à la jeunesse et à l’enseignement secondaire et supérieur) ; Monique Leroy-Sauter, 43 ans, (expert-comptable, membre du groupe d’opposition, « Union pour Nanterre ») ; Olivier Mazotti, 38 ans, (enseignant, membre du groupe d’opposition Union pour Nanterre) ; Valérie Méot, 40 ans (Institutrice, membre du PCF dont elle est secrétaire de la section locale) ; Michel Raoult, 58 ans, (Cadre à EADS, membre du groupe d’opposition Union pour Nanterre) ; Pascal Sternberg, 30 ans, (Membre du parti les Verts, conseiller régional et chargé de mission).
Après sa tuerie de masse, Richard Durn, dépressif, se suicidera lors de sa garde à vue en se défenestrant du quatrième étage de l’immeuble de la brigade criminelle, 36, quai des Orfèvres à Paris.
Huit membres que la ville n’a pas et ne veut pas oublier. Deux décennies après cette sanglante nuit, la ville a rendu ce week-end un vibrant hommage à ses anciens élus. Le moment fort des commémorations fût, ce dimanche sur le parvis de l’hôtel de ville, rebaptisé « Place du 27 mars 2022 », dix ans après le baptême de huit allées des Terrasses de l’Arche du nom de chacune des victimes.
Entre des chants de chorales d’enfants et des lectures de témoignages envoyés après la tuerie, le tout ponctué par de longues minutes de silence, l’ancienne maire communiste de Nanterre, Jacqueline Fraysse a rendu un vibrant hommage à ses anciens partenaires. « Cet événement tragique a profondément marqué notre ville », a confié Jacqueline Fraysse. Dans un discours plein d’émotion, l’élue a raconté, les larmes aux yeux le déroulé de cette funeste soirée. « Le premier coup de feu m’était destiné mais il ne m’a pas atteint. C’est Michel Laubier qui a été touché », se souvient-t-elle avant de rajouter : « Reste dans ma mémoire cette salle du conseil, maculée de sang, jonché des corps de mes collègues ».
Et pour ne jamais oublier ce qu’il s’est passé en cette nuit-là, Patrick Jarry, l’actuel maire de Nanterre -qui était alors conseillé municipal et qui avait été blessé lors de la tuerie- a annoncé que l’esplanade de sa mairie, serait aménagée d’ici à 2025, de bassins d’eau pour rendre un hommage éternel à ses élus lâchement assassinés. « Cette Place du 27 mars 2002 va inscrire durablement dans la mémoire de Nanterre le récit de ce qui s’est passé cette nuit-là », a déclaré Patrick Jarry, lui aussi très ému. En plus de cet hommage, la municipalité a fait appel à une historienne pour récolter des témoignages de cette tuerie.