« C’est le projet le plus important de la Sncf et c’est un projet de la vie quotidienne », s’est réjoui Guillaume Pepy lors d’une visite du chantier Eole à La Défense. Pour fêter le lancement de l’opération « Vive le Train », le président de la Sncf a arpenté ce lundi matin le chantier hors-norme de la future gare du RER sous le Cnit.
Dans un vacarme incessant les travaux de cette « gare cathédrale » lancés fin 2017 avancent à un rythme effréné. « Actuellement on réalise les puits pour faire les futurs poteaux de la gare et puis à partir de cet été on va commencer à faire la dalle qui sera le futur toit de la gare », détaille Xavier Gruz, le directeur de projet d’Eole chez Sncf.
Sur la soixantaine de ces énormes piliers qui s’enfoncent sur une bonne vingtaine de mètres de profondeur (quinze mètres seront visibles depuis les quais), 60 % ont déjà où sont en cours de réalisation. « C’est un chantier industriel où l’on enchaine les tâches « , argumente Xavier Gruz. Ces poteaux seront amenés à reprendre la charge de la grande dalle de béton de trois mètres d’épaisseur, de la gare qui reprendra elle-même les quelques 118 poteaux sur lesquels repose la quasi-totalité de l’édifice, soit 75 000 tonnes. Pour l’heure ces 118 poteaux ont presque tous été repris par des structures provisoires. Ces poteaux en béton ont été découpés et posés sur des poutres métalliques qui s’appuient sur des fondations provisoires. La grande voute en béton qui a fêté ses soixante ans l’année dernière n’est en revanche elle pas concernée par cette reprise de charge.
350 000 mètres cubes de terre à excaver sous le Cnit
« A partir de cet été on va commencer à faire la dalle », explique Xavier Gruz. Une fois la dalle coulée à la fin de l’année l’opération d’excavation des terres sous celle-ci pourra enfin débuter libérant ainsi le volume de la gare. L’étape qui doit durer seulement six mois sera « une phase extrêmement intense », selon Xavier Gruz. « On va venir creuser avec de petits engins au départ puis des plus en plus gros au fur et à mesure, poursuit le directeur des travaux. Ça sera une phase assez critique pour nous ». Et de la terre à retirer pour former la gare cathédrale de La Défense il va y en avoir beaucoup : 350 000 mètres cubes, soit le volume des six kilomètres que va creuser le tunnelier entre La Défense et Haussmann, l’actuel terminus de la ligne.
« Une autre grande date pour nous, c’est la libération en octobre 2020 des espaces du Cnit que l’on occupe actuellement afin que le Cnit retrouve son centre de congrès », commente Xavier Gruz. Viendront dans la foulée la restitution des quatre niveaux de parkings actuellement occupés par le chantier.
Cette gare dont les quais se situeront à une quarantaine de mètres de profondeur sous le niveau du parvis, formera un grand parallélépipède d’une centaine de mètres de long, de vingt-six mètres de large pour une hauteur de vingt-trois mètres, « soit l’équivalent de la tour Montparnasse couchée », s’amuse Xavier Gruz. A chacune des deux extrémités sera creusée, sur une hauteur bien plus faible, la prolongation du quai central devant mesurer environ 225 mètres. Ces terres à majorité calcaire vont être évacuées par la « grande faille » -qui servira à l’ouverture de la gare, d’accès principal aux voyageurs- puis par les parkings du Cnit et enfin par la rue. Restera ensuite la dernière grande étape de ce chantier titanesque qui s’étalera sur deux ans de fin 2020 à fin 2022 : celle de l’aménagement de la gare avec entre autres la pose des rails.
« Sur le parvis, personne n’a conscience de ce qui se passe vingt mètres plus bas. L’espace commercial de même que les bureaux restent en activités pendant les travaux », souligne le PDG de SNCF Réseau, Patrick Jeantet. Une partie du parking du quartier du Cnit continue même à être exploitée. « Nous sommes en train de recréer les fondations du Hilton qui est au-dessus. Les clients de l’hôtel ne sont même pas au courant qu’il y a ce chantier », poursuit Patrick Jeantet. L’objectif c’est donc de ne faire aucun bruit. Pour se faire Vinci Construction qui est en charge des travaux a dû réalisé un véritable « sarcophage acoustique » pour limiter au maximum la propagation du bruit aux étages supérieurs.
Dans cette grande ruche ce sont actuellement 250 personnes qui s’activent jour et nuit pour tenir le calendrier de fin 2022 la date d’ouverture du prolongement du RER E jusqu’à Nanterre (puis Mantes-la-Jolie en 2024).