Si le tunnelier d’Eole n’est désormais plus visible puisqu’il a commencé il y a quelques semaines son long périple vers Paris, une énorme construction est apparue depuis déjà plus d’un an sur les berges de La Seine, au pied des tours du quartier à Courbevoie. Pour faire fonctionner ce tunnelier, -le plus important en travail dans la région-, les équipes du chantier d’Eole et de Bouygues Construction (le mandataire du chantier sur ce tronçon) ont imaginé une usine pour évacuer et injecter les boues du tunnel de six kilomètres que va creuser Virginie.
Car pour avancer dans ce sol hétérogène ce tunnelier utilise la technique de la « pression de boue ». « Lorsque l’on creuse à environ 30 mètres sous le sol, le tunnelier crée un vide qu’il faut combler pour ne pas que tout s’écroule. Alors nous avons décidé de mettre de la boue pour retenir l’ensemble de la structure », explique Marin du Couedic, conducteur de travaux chez Bouygues, en charge de la station boue d’Eole.
Ces boues, elles, transitent donc par la « Base Seine ». Cette grande structure de 180 mètres de long et de 24,5 de large a été érigée au-dessus du fleuve et repose sur 54 pieux solidement ancrés. Sa couleur vert olive n’est pas une fantaisie des équipes d’Eole. « Cette couleur nous a été imposé car nous sommes en face du Temple de l’Amour de l’Île de la Jatte à Neuilly-sur-Seine qui est un monument classé », précise Armelle Lagrange, la responsable communication du projet Eole à la SNCF.
Cette véritable usine a deux missions : la première est donc d’injecter les boues au fur et à mesure que Virgine grappille le sol parisien. Son second rôle est tout aussi primordial puisqu’elle doit permettre d’évacuer les 1,3 millions de tonnes de boue des six kilomètres que creusera Virginie. L’usine a pour mission de trier les différentes terres comme les graviers et sables.
Ce recours à la base Seine a surtout été choisi puisqu’il permet d’éviter le passage de 250 camions par jour dans la rue de Courbevoie. Les 2 000 mètres cubes de déblais excavés quotidiennement partent par la Seine grâce à deux barges et sont en partie recyclés par Lafarge à Muids dans le département de l’Eure.
Mais alors comment toutes ces boues font pour arriver à la Base Seine pourtant bien loin du puits Gambetta d’où s’est élancé Virgine ? Et bien grâce à une longue conduite de marinage d’un peu moins de 900 mètres qui parcourt à une trentaine de mètres de haut l’avenue Gambetta et la rue de l’Abreuvoir. D’ici la fin de l’année elle sera raccourcie sur presque toute sa longueur lorsque le tunnelier aura atteint le puits de l’Abreuvoir en bordure de Seine. Les terres entreront et sortiront depuis ce puits situé à quelques dizaines de mètres de la base Seine. La Base Seine sera elle démontée lorsque Virginie aura terminé son travail à la fin de l’année 2021.