Alors qu’un peu partout sur le globe des murs poussent pour séparer des peuples l’Allemagne célèbre ce samedi 9 novembre 2019 le trentième anniversaire de la chute du Mur de Berlin. Ce mur érigé dans le plus grand des secrets par l’Allemagne de l’Est durant la nuit du 12 au 13 août 1961 a séparé l’Allemagne et la ville de Berlin en deux parties pendant une trentaine d’années. Cette même nuit quelques 14 500 membres des forces armées soviétiques bloquent les rues et les voies ferrées menant à Berlin-Ouest. Des troupes soviétiques se tiennent prêtes au combat et se massent aux postes frontières des Alliés. D’abord composé de grillages et de barbelés installés autour de Berlin-Ouest, ce mur sera complété par un dispositif en béton et en briques.
C’était il y a trente ans déjà, le 9 novembre 1989, des milliers de berlinois de l’Est se massaient aux abords de la frontière qui les séparent de leurs voisins de l’Ouest depuis presque trois décennies. Durant cette nuit qui restera dans l’histoire, les populations des deux côtés du Mur, surnommé le « Mur de la honte » décident de mettre fin à cette séparation en faisant tomber ce mur, réconciliant ainsi le pays.
Un morceau de Mur qui a coûté 150 000 euros à la ville de Courbevoie et l’Epad
Si le mur n’existe plus aujourd’hui et que l’histoire ne l’a pas oublié il n’a pour autant pas totalement disparu. Après sa chute en 1989, le Mur de Berlin fut démonté et décomposé en 45 000 segments. Chacun de ces segments en béton préfabriqué avait comme dimensions : 3,6 mètres de hauteur sur 1,20 mètre de largeur pour 22 cm d’épaisseur totalisant un poids de 2,75 tonnes.
En décembre 1990, suite à une visite parlementaire l’adjoint au maire de Courbevoie, Jean-Yves Haby, demanda à Erhard Krack, maire de Berlin-Est à l’époque, la possibilité de ramener en France des fragments du mur comme symbole de l’ouverture des frontières entre les deux Allemagnes alors réunifiées. Le maire de Berlin-Est vendit aux enchères à la ville et à l’Epad (Établissement publique d’Aménagement de La Défense, devenu aujourd’hui Paris La Défense) trois segments parmi 250 pour un montant de 300 000 deutsche marks, soit 150 000 euros. L’argent récupéré par cette vente a été investi dans la rénovation des hôpitaux et dans des projets à caractère social dans l’Allemagne de l’Est.
Ces trois segments seront transportés par la compagnie Carlberson. Mais ces trois morceaux de l’histoire tant convoités resteront ironiquement cachés et oubliés, simplement recouverts d’une bâche et stockés dans un parking. Il faudra finalement attendre 1997 pour que le nouveau maire Jacques Kossowski propose à l’Epad un emplacement. Les trois segments, qui ne forment qu’un morceau seront installés devant la galerie de la Coupole, protégés par des éléments en verre afin d’éviter que des tags viennent recouvrir les peintures de Kiddy Citny, artiste allemand, et du musicien français Thierry Noir, peintes en 1984 le long de la Waldemarstrasse à Berlin (quartier de Kreuzberg), en pleine époque des années punk. Le Mur est prolongé par les éléments vitrés des deux côtés où sont inscrits le nom de grandes villes.
Plusieurs fragments du Mur exposés à travers le monde
Mais depuis la fermeture de la galerie de la Coupole à la fin 2010, ce bout du Mur de Berlin est retombé dans l’oubli. Il reste cependant toujours visible. Un passage pour accéder à la gare de La Défense depuis le pied de la tour Areva, via un escalier mais aussi depuis l’un des couloirs de l’ancienne galerie permet toujours aux passants de pouvoir le contempler, mais plus trop les panneaux de verre qui ont été en partie masqués.
Et il n’y a pas qu’à La Défense que l’histoire de l’après-guerre allemande demeure. Un peu partout sur le globe des fragments ont été exposés en mémoire comme à Los Angeles (États-Unis), à Yokohama à Tokyo (Japon), à Kingston (Jamaïque), à Moscou (Russie), à Londres (Angleterre), à Bruxelles (Belgique) ou encore à la Porte de Versailles à Paris.