Ce sont des cicatrices qui gâchent le paysage de Nanterre depuis les années 60. Entre échangeurs autoroutiers et viaducs ferroviaires, les quartiers de l’Université et du Chemin de l’Ile sont toujours défigurés par les grandes infrastructures de transports. Si leur enfouissement a été initié au début des années 2000, il reste encore beaucoup à faire, notamment pour l’immense échangeur des autoroutes A14 et A86.
L’établissement public en charge de l’aménagement et la gestion du quartier d’affaires Paris La Défense a lancé dernièrement un marché d’accord cadre de conception urbaine et de maîtrise d’œuvre d’espaces publics, visant à permettre d’engager la phase opérationnelle du secteur Bords de Seine, de la ZAC Seine-Arche à Nanterre. Une fois conclu, le présent marché qui n’est pas alloué aura une durée de huit ans, non renouvelable. « Il comprendra des missions de maîtrise d’œuvre issues de la loi MOP ainsi que des missions complémentaires de conception et de coordination urbaine », indique Paris La Défense qui espère voir aboutir ce projet de régénération urbaine à l’horizon 2027.
Ce vaste projet d’aménagement situé uniquement sur la ville de Nanterre concerne trois grands secteurs. Le premier (en vert) dit « des terrasses 3 à 5 » est dans la continuité de l’axe historique, entre les abords des voies RATP du RER A Saint-Germain-en-Laye (y compris la parcelle piétonne existant au-dessus des voies ferrées) et l’avenue de la République en englobant la caserne Rathelot de la Gendarmerie Nationale. Le second (en orange) englobe l’échangeur A14 – A86 et ses abords, entre l’avenue de la République et le parc du Chemin de l’Ile. Enfin le troisième secteur, celui dit des « Franges de l’Université » (en bleu) vient entourer l’Université Paris Nanterre entre l’A86 à l’ouest, les voie SNCF Transilien / RATP au Sud et les voie SNCF d’Eole au Nord et à l’Est. Mais comme l’indique Paris La Défense le périmètre d’aménagement est « susceptible d’évoluer » et « le raccord avec les voies existantes, publiques ou privées situées hors périmètre, sera aussi étudié ».
Au cours de la dernière décennie, Paris La Défense (qui était alors l’Epadesa) a commandé plusieurs études sur ce vaste secteur, dans le cadre de l’aménagement de la ZAC Seine-Arche. Ces multiples études ont ainsi été réalisées par divers prestataires, sur des périmètres variables, et selon un schéma directeur qui a évolué au gré des politiques et scénarios envisagés.
Si certains scénarios ont un temps envisagé une intervention lourde sur les infrastructures existantes comme la couverture complète de l’A86, le parti pris a évolué, explique Paris La Défense qui précise que désormais il s’agit « de faire avec l’existant » et « d’en tirer parti, dans une approche sobre et efficace qui doit mettre en valeur les atouts du site et gommer ses points noirs » à horizon 2026. L’objectif du marché est de mettre en œuvre « rapidement, » dans le courant de l’année 2021, des premières actions visant à valoriser le site. Y aurait-il des nouveaux logements qui pousseront à cet endroit ? La question se pose toujours pour Paris La Défense « au regard des données relatives à la qualité de l’air et acoustique à l’issue des travaux d‘enfouissement ». Sur ce secteur, plusieurs scénarios d’aménagement urbain et de programmation des espaces publics, à minima deux ou trois seront à établir dans le cadre de cette première commande. Si des logements doivent voir le jour, des modélisations 3D seront effectuées afin de simuler l’ambiance acoustique et la qualité de l’air.
Un grand parc urbain de 20 000 mètres carrés en connexion avec celui du Chemin de l’Ile est imaginé. Si les voies de l’échangeur sont presque entièrement recouvertes, quelques trémies de l’A86 resteront donc mais seront fondues dans le parc. Le long de la trémie de l’A14 pourrait être aménagée une promenade piétonne jalonnée de « nouveaux usages » y compris sur les toits des usines de ventilation sur près de 22 000 mètres carrés.
Les travaux de réaménagement de l’échangeur ont d’ailleurs déjà débuté avec la création de la nouvelle bretelle enfouie B5 qui assure la correspondance entre le sens province – Paris, de l’A14 vers le sens intérieur (Saint-Denis) de l’A86, ainsi que le réaménagement de l’avenue de la commune de Paris pour dégager des espaces à urbaniser. Des travaux qui doivent s’achever d’ici le mois d’avril prochain. L’ancienne bretelle aérienne a, elle, disparu.
Dans le secteur des Franges de l’Université, l’idée est là encore d’améliorer le cadre de vie afin notamment d’accompagner l’arrivée de la ligne T1 du Tramway prolongée à l’horizon de 2027. Cela passera par la reconstitution d’une façade urbaine « cohérente et continue » de l’avenue de la République, dans une perspective de maillage entre les quartiers, la création d’une nouvelle offre de locaux d’activités destinés à des PME/PMI avec un positionnement complémentaire à l’offre déjà existante à Nanterre mais aussi le renouvellement de l’offre de logements d’une typologie variée : familiaux, étudiants, chercheurs, alternants pour répondre aux besoins des habitants et des étudiants du secteur.
Enfin dans le secteur « des terrasses 3 à 5 », si l’implantation du boulevard Beltrame est relativement arrêtée -il ira de l’avenue de la République en prolongement du boulevard Abdenbi Guémiah-, en revanche, sa programmation reste à confirmer, indique Paris La Défense qui rajoute que « les aménagements et la programmation des espaces publics en contre-bas restent également à définir » et que « plusieurs scénarios, à minima deux-trois seront à établir et à débattre en associant finement la ville et les associations d’usagers du site, dans le cadre de cette première commande ». Pour franchir les voies du RER A de la branche Saint-Germain-en-Laye, un pont baptisé « Beltrame » est également à l’étude d’ici à 2025. Ce pont du boulevard Beltrame viendra remplacer la passerelle piétonne Rathelot située au pied de la caserne et dont l’une des rampes est actuellement fermée suite à son effondrement l’année dernière. Pour l’heure cette passerelle ne sert plus que pour l’accès de la caserne depuis le boulevard Blaise Pascal.
Ce réaménagement global sera surtout l’occasion pour Paris La Défense de « renforcer la place de la nature », promet l’établissement. « L’objectif de Paris La Défense est bien que la majeure partie des espaces publics créés sur le secteur de l’Échangeur, y compris le réaménagement des franchissements de l’A86, soient des espaces verts publics qualitatifs, au service des habitants et usagers du territoire », assure Paris La Défense.