Paris La Défense va enfin enclencher la rénovation de la place de La Défense. Annoncé il y a déjà plus de trois ans, le chantier de métamorphose de cet espace stratégique du quartier d’affaires va pouvoir débuter en mars prochain après plusieurs années de retard en raison des difficultés techniques rencontrées.
« Point central du grand paysage urbain de La Défense, c’est aussi notre ‘place du village’, lieu de vie et de rencontres, théâtre de nombreux rendez-vous festifs comme le festival Jazz à La Défense, confie Pierre-Yves Guice le directeur de l’établissement Paris La Défense pour qui il était « urgent de redonner un nouvel éclat » à cette place « tout en misant sur son adaptabilité, à l’image d’un quartier qui se renouvelle en permanence ». Ce vaste projet représente un investissement de près de 19 millions d’euros pour l’aménageur du quartier d’affaires.
La mutation de cet espace de 19 835 mètres carrés sera l’occasion pour l’établissement public d’une part de revoir complètement plusieurs gros points techniques comme l’étanchéité mais aussi son aspect très daté. Aux manettes du projet le paysagiste Base entend donner une dimension « plus végétale, plus arborée et plus fluide » à la place en maintenant son aspect « convivial et attractif » tout en s’appuyant sur les deux pièces maîtresses du décor, les œuvres d’art l’Araignée Rouge de Calder et les Personnages Fantastiques de Miró.
« Nous reconfigurons l’espace dans sa totalité en menant un travail d’ensemblier visant à intégrer les éléments sculpturaux existants, tout en conservant ses fondamentaux en matière de circulations et d’usages. Nous souhaitons offrir à la place de la Défense une dimension sensuelle et organique », indique Adrien Fourès, paysagiste de l’agence Base.
Les travaux seront menés par les entreprises Téridéal pour la partie VRD, fontainerie et espaces verts et Derichebourg pour l’éclairage et l’électricité. Il s’articuleront en quatre grandes zones.
La première, c’est la place centrale sur 4 000 mètres carrés. Elle offrira un sol nivelé au revêtement plus adapté et unifié, rythmé de lignes, en écho à celles du Parvis. Le béton coulé en place, puis poncé, révélera des détails colorés et des étoiles incrustées en laiton. Des failles de brumisation rafraîchiront les passants l’été. Régulièrement théâtre de nombreux événements et festivités, -hors contexte sanitaire actuel-, la place promet d’offrir dans cette nouvelle configuration « tous les atouts » pour renforcer sa vocation première d’être « le cœur battant du territoire ». La trémie d’accès au parking centre située face à la pelouse sera elle comblée.
La seconde zone est la modernisation de la pelouse de 2 000 mètres carrés qui entrainera la disparation de l’œuvre d’art « Arc Déplacé » de Christine O’Loughli. Ce grand carré de pelouse sera remis à plat et accessible librement pour se reposer, manger ou jouer.
« L’espace à vivre » autour de l’Araignée Rouge de Calder est la troisième grande zone à évoluer. L’œuvre d’art sera désormais enchâssée dans un espace vert, caractérisé par une végétation de grande hauteur dont la plantation est possible à cet endroit. L’espace sera ainsi planté d’essences colorées aux teintes chaudes (Érables de Montpellier, Charmes et Sorbiers), en écho à la sculpture et de nouvelles assises, plus nombreuses, seront installées.
En face, un second « espace à vivre » avec jardin « tout en courbe » s’articulera autour de l’œuvre de Miró. L’emmarchement sera conservé et intégré à l’ensemble, en partie planté et agrémenté d’essences fleuries et colorées (Amélanchiers, Sorbiers, Cerisiers d’ornement).
Enfin la grosse évolution concernera les contours de la verrière d’accès à la gare de La Défense. Le mastaba sera détruit et laissera place à une autre pelouse agrémentée de nouveaux arbustes comme des arbres de Judée, des érables champêtres ou encore des cerisiers d’ornement. Une partie des bancs d’Émile Aillaud seront conservés et réimplantés sur la place. La pyramide noire va elle cependant disparaitre. Le petit podium attenant au mastaba où se trouve depuis 1985 la fresque « Le visage » de Fabio Rietti sera supprimé au profit de deux nouveaux ascenseurs, qui« rehaussés » qui permettront d’accéder au parking Centre Grande Arche.
L’éclairage de la place sera lui aussi complétement repensé. Les actuels mats seront remplacés par huit autres plus modernes allant de 14 à 18 mètres de haut, permettant ainsi d’éclairer jusqu’au centre de la place.
Ce vaste chantier s’effectuera par phases et par secteurs en commençant par les zones périphériques de la place pour s’achever par la partie centrale. Les travaux se dérouleront en trois étapes avec la démolition des revêtements existants et des sous-couches (remblai et étanchéité), puis la mise en place d’un nouveau complexe d’étanchéité et enfin la réalisation sur place des dalles en béton coulé (ce ne seront pas des éléments préfabriqués).
Les circulations seront donc maintenues tout au long du chantier, assure Paris La Défense. La première étape, de mars à septembre 2021, va concerner la recomposition de l’espace nord, du côté de l’immeuble de la Maison de La Défense et de l’Araignée rouge de Calder, ainsi qu’une zone autour de la verrière RATP, avec des travaux de nuit pour ne pas interrompre l’accès à la gare de La Défense la journée. Les phases se succéderont ensuite pour une livraison si tout va bien au printemps 2023.