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lundi 28 avril 2025
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Le projet de tours en bois de la Demi-Lune se révèle un peu plus

Composé de trois tours intégrant une structure en bois, ce futur ensemble doit incarner la transformation du quartier d’affaires vers un modèle plus respectueux de l’environnement

Le plat de spaghetti en béton va bientôt s’effacer. Nous sommes en mai 2008. Jean Nouvel remporte le concours Signal lancé quelques mois plus tôt par l’Epad, l’ancien aménageur de La Défense. Entouré des investisseurs espagnols Medea et Layetana, l’architecte doit dresser une énorme tour de 300 mètres de haut en remplacement de l’encombrant échangeur routier de la Demi-Lune

Mais très vite, les pépins vont s’accumuler. Le look du building est vivement critiqué par la maire de Puteaux, Joëlle Ceccaldi-Raynaud (LR), franchement pas emballée à l’idée de délivrer le permis de construire. Le coup de grâce viendra de la crise financière quelques mois plus tard, qui renverra l’ambitieux projet aux oubliettes. L’architecte français aura cependant sa revanche une quinzaine d’années plus tard avec sa tour Hekla, érigée non loin de là.

Cette vaste emprise foncière d’un hectare non construite, l’une des dernières et des plus grandes du quartier d’affaires, est depuis en déshérence. Mais les choses devraient enfin bouger avec « Empreintes », l’appel à projets lancé il y a tout juste trois ans par l’aménageur Paris La Défense. Un an après avoir été désigné lauréat pour (re)donner vie à cette vaste parcelle, le groupement Crédit Agricole Immobilier et Linkcity a dévoilé en marge du Mipim (Cannes) les nouveaux contours de son projet pour la Demi-Lune, dessiné par les agences L’AUC et XDGA.

Linkcity et Crédit Agricole Immobilier veulent ériger trois bâtiments bas-carbone sur le site de la Demi-Lune – L’Autre Image – L’AUC

Venant s’insérer à l’arrière du Westfield Les 4 Temps, entre les tours Pacific, Kupka, l’immeuble Belvédère et le Japan Bridge, le projet qui a évolué tant par sa programmation que par son architecture ambitionne de gommer l’énorme infrastructure routière en partie désaffectée. « Demi-Lune sera un véritable démonstrateur de ce que sera La Défense en 2050, avec des immeubles à très faible empreinte carbone. Nous allons créer un véritable îlot de fraîcheur », promet Laurent Mourey, directeur général de Linkcity.

Sur ce nouveau sol, un parc d’un demi-hectare avec sa colline paysagère et son étang, imaginés par Inside Outside, offriront aux passants une végétation dense, avec une centaine d’arbres sur leurs flancs.« Nous allons déverser 50 000 tonnes de terre pour renaturer le site », enchaîne Laurent Mourey.

Le projet sera érigé sur un nouveau parc urbain – L’Autre Image – L’AUC

Trois tours aux formes géométriques simples (tripode, carrée et en croix), intégrant une structure en béton bas-carbone, des planchers en bois CLT encapsulés dans du plâtre et protégés par un système de sprinklage, ainsi que des façades en aluminium recyclé, s’élanceront dans le ciel du quartier d’affaires de l’Ouest parisien.

La première, haute d’une cinquantaine de mètres, abritera sur 10 000 mètres carrés quelque 400 chambres étudiantes. La seconde, de la même hauteur et de la même surface, hébergera une résidence de près de 200 appartements de l’opérateur Neoz, le nouveau concept de logements locatifs prêts à vivre avec services intégrés porté par Linkcity. Enfin, le troisième gratte-ciel, aux faux airs de la tour Signal, s’élèvera à 110 mètres de haut, tout comme la Grande Arche. Premier édifice de cette hauteur à intégrer du bois, il accueillera six usages : une halle gourmande de 3 500 mètres carrés au socle, une école d’enseignement supérieur, un centre de formation, un hôtel sur sept niveaux de 250 chambres, une agora panoramique ouverte à tous sur trois étages à mi-hauteur et enfin environ 10 000 mètres carrés de bureaux dans la partie haute.

La plus haute des tours disposera d’une agora panoramique à mi-hauteur – L’Autre Image – L’AUC

L’ensemble de 60 000 mètres carrés abritera par ailleurs une salle de sport et d’escalade intérieure et extérieure de 3 000 mètres carrés ainsi qu’un lieu culturel immersif de 800 places, qui ambitionne d’accueillir un million de visiteurs par an. « Tous ces usages seront installés dans des surfaces à taille humaine et évolutives », assure Valérie Wanquet. Le tout sera accompagné d’un parking pour 800 vélos, « le plus grand du département ».

« Demi-Lune incarnera le nouveau visage du quartier d’affaires avec une place du village à cent mètres de la Grande Arche. Ce sera le projet le plus mixte jamais créé à La Défense, avec douze usages. C’est un record », explique Valérie Wanquet, directrice générale de Crédit Agricole Immobilier.

« On espère que c’est la première étape d’une nouvelle page d’histoire de La Défense et que ces projets mixtes et très ambitieux sur le plan environnemental vont se multiplier », confie pour sa part Pierre-Yves Guice, le directeur de Paris La Défense.

« Nous espérons obtenir le permis de construire en 2026, démarrer les travaux l’année suivante pour une livraison en 2031 », confie Thomas Péridier, directeur de la promotion tertiaire France chez Crédit Agricole Immobilier. D’ici là, le département et Paris La Défense devront dévier une partie de la voirie dans le cadre du réaménagement du boulevard Patrick Devedjian. « L’opération sera vendue en totalité à un ou plusieurs investisseurs. Mais il n’y aura pas de vente à la découpe », détaille Thomas Péridier, indiquant que des « discussions sont en cours », tout en gardant pour l’heure secret le montant du projet global.

Le complexe de la Demi-Lune sera érigé sur l’actuel échangeur routier partiellement désaffecté – L’Autre Image – L’AUC

Mais pour l’instant, le projet se heurte à l’absurdité des règles et normes. Les actuelles normes de réglementation incendie et la nouvelle Réglementation Environnementale (RE) 2020, (seuil 2025 pour la plus haute tour et 2028 pour les deux autres), viennent se confronter, rendant l’opération quasiment impossible à mener. Une aberration à la française que Paris La Défense, les promoteurs et investisseurs espèrent bien voir rapidement réglée pour que le plus grand quartier d’affaires d’Europe ne soit pas stoppé dans ses ambitions immobilières.

« Si l’on fait les bons élèves jusqu’au bout et que l’on applique les normes incendie, bâtimentaires, on n’arrive pas à respecter la réglementation environnementale RE2025 en Immeuble de Grande Hauteur (IGH). Notre demande, c’est de rendre cette opération possible par des ajustements de la réglementation », a déclaré Pierre-Yves Guice, lors d’une présentation, s’adressant directement à la ministre du Logement, Valérie Létard.

« Nous travaillons déjà à cette simplification réglementaire pour rendre cette transformation possible. Dans les prochaines semaines, l’État sera amené à formuler sa perception de la raison d’être pour le quartier », a rassuré enfin Alexandre Brugère, le préfet des Hauts-de-Seine.

Les trois tours bas-carbone s’élanceront au cœur d’un nouveau parc d’un demi-hectare – L’Autre Image – L’AUC

 

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