En finir une bonne fois pour toutes avec l’image d’une autoroute urbaine. Tombé dans le giron du département des Hauts-de-Seine en 2017, le boulevard circulaire de La Défense va faire l’objet dans les prochaines années de toutes les attentions. Rebaptisé boulevard Patrick Devedjian, en hommage à l’ancien président des Hauts-de-Seine emporté par le Coronavirus en mars 2020, cet axe routier qui entoure la partie historique du quartier d’affaires, fait l’objet actuellement d’une concertation publique jusqu’au 6 avril en vue d’une évolution majeure.
Une première transformation avait été entamée sur la partie Nord de l’anneau en forme de poire, du côté de Courbevoie dans le milieu des années 2000 par l’Epad, l’ancien aménageur du quartier d’affaires avant une autre retouche une dizaine d’années plus tard pour accompagner les nouvelles tour Carpe Diem, D2, Saint-Gobain et Alto.
Mais pour le reste rien n’a jamais vraiment été fait. Délaissé par la Dirif (Direction régionale et interdépartementale de l’équipement et de l’aménagement d’Île-de-France), la partie Sud, est devenue dans les années 2000 une autoroute urbaine en piteux état coupant La Défense de Puteaux. Pour mettre fin à cet état de léthargie et redonner une meilleure image du premier quartier d’affaires d’Europe, le département a enfin décidé de se saisir du problème.
« Le département affiche la volonté de passer du ‘tout voiture’ à une mobilité durable et partagée. Le futur boulevard Patrick Devedjian accueillera ainsi les usages quotidiens urbains et des usages spécifiques au quartier d’affaires (partager un moment convivial à la terrasse d’un café, accéder à de nombreux services, emprunter un autopartage, prendre le bus ou stationner… ) », indique le département dans Hauts-de-Seine.
La partie Nord qui a déjà bénéficié d’une importante refonte dans le passé sera améliorée avec la pérennisation de « la coronapiste ». La circulation routière ne se fera plus que sur deux files, la troisième sera alors transformée en une piste cyclable bidirectionnelle protégée (comme c’est finalement le cas actuellement). Les trottoirs seront élargis à certains endroits et quelques places de stationnement seront créées La végétalisation sera elle aussi renforcée pour rendre l’artère plus humaine. La partie entre l’avenue Gambetta et l’avenue de la Division-Leclerc bénéficiera des mêmes aménagements. Le gros des travaux se portera sur la suppression des deux passages piétons souterrains, le premier étant situé le long de l’avenue Gambetta et le second au niveau de la rue Ségoffin. Cette rue se connectant au boulevard Patrick Devedjian sera mise à double sens tout comme la rue Serpentine. Ce changement permettra ainsi de fermer une partie de la rue Henri Regnault afin d’y implanter une piste cyclable.
A l’Ouest, au pied de l’Arche, le département souhaite améliorer le carrefour pour intégrer au mieux la mise en cours du boulevard de La Défense à double sens. Six nouvelles traversées piétonnes seront aménagées, ainsi qu’un nouveau « point de contact » avec l’esplanade. Il y aura aussi de nouvelles plantations d’arbres. La piste cyclable bidirectionnelle passera bien évidemment par là.
A l’arrière du centre commercial Westfield Les 4 Temps, d’importants changements sont à prévoir. L’énorme échangeur routier en partie à l’abandon disparaitra dans sa quasi-totalité afin de gommer pour de bon l’image du « tout voiture » des années 70. La D 914 et la sortie de l’autoroute A 14 seront remaniées. Fini le passage sous l’immeuble Basalte, la salle des marchés de la Société Générale. La trémie routière sera ainsi comblée.
Le trafic se fera désormais uniquement par le boulevard Aimé Césaire où débouchera la sortie du tunnel de Nanterre – La Défense (A14) et dans la continuité par le boulevard des Bouvets qui se connectera au boulevard Patrick Devedjian, sous l’immeuble Belvédère (Spaces), au niveau du pied de l’Arche. Le boulevard Franck Kupka passera à double sens et permettra depuis le boulevard Patrick Devedjian de rejoindre Nanterre. Le tout sera accompagné par des plantations d’arbres et la création de nouvelles pistes cyclables.
Dans le secteur de la Rose de Cherbourg où va trôner la tour Hekla le département va s’appuyer sur les aménagements opérés actuellement par Paris La Défense. Le gestionnaire de l’axe urbain se contentera simplement d’ajouter de nouvelles pistes cyclables. Au Sud (côté Puteaux), en redescendant vers la Seine le boulevard qui ressemble aujourd’hui à une autoroute sera considérablement remanié. La circulation routière se fera uniquement sur deux voies. De nombreuses places de stationnement seront créées entre le pied de la tour Défense 2000 et le carrefour de la passerelle des Princes-Vins, face à l’immeuble Le Linéa. La piste cyclable y passera sur le côté gauche.
Enfin dans le dernier tronçon entre les tours Défense Plaza et Allianz One, là encore le boulevard va se transformer. La circulation passera à trois voies sur quelques centaines de mètres. Un nouveau carrefour sera aménagé face au Carré Michelet pour mieux connecter le boulevard Patrick Devedjian à Puteaux. L’axe se scindera en deux fois deux voies. Deux, puis trois voies permettront de rejoindre le pont de Neuilly puis Paris et les deux autres voies, de reboucler le boulevard via la liaison basse. Tout au long on retrouvera une piste cyclable, plusieurs places de stationnement et de la végétation. Une grande place sera créée au pied de The Link, le futur siège de TotalEnergies, en cours de construction.
Au total le département entend planter plus de 500 arbres, pérenniser ou aménager 5,6 kilomètres de pistes cyclables et reconfigurer 17 carrefours qui seront coordonnés à son système de gestion du trafic Siter.
Cette ambitieux projet chiffré pour l’heure par le département à 180 millions d’euros prendra du temps. A l’issue de la concertation, un bilan sera fait en décembre prochain avant des études détaillées et l’élaboration d’un dossier réglementaire jusqu’à 2024. Cette même année le département demandera un avis de l’autorité environnementale et organisera une enquête publique. Lancés dès 2026 les travaux devraient alors s’échelonner sur huit ans.
Pour cette première concertation il est d’ores et déjà possible de donner son avis directement sur le site dédié. Par ailleurs le département organisera des temps d’échanges sur le projet, le 22 mars à 19 heures à la salle des Terrasses de Nanterre puis le 21 mars à 19 heures au sein de l’ancienne mairie de Courbevoie.
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