Un chantier colossal. Après en avoir terminé avec les travaux d’Eole, La Défense replonge dans un énorme chantier, celui de la ligne 15 Ouest du Grand Paris Express, piloté par la Société des Grands Projets (SGP). Lancé depuis plusieurs mois déjà, ce chantier titanesque est désormais bien visible dans le plus grand quartier d’affaires d’Europe, où deux gares souterraines vont être aménagées.

La première, à Nanterre-la-Folie, viendra se loger parallèlement à celle du RER E. Creusée à une vingtaine de mètres de profondeur, la station, large de 28 mètres, sera équipée de deux quais latéraux, longs de 115 mètres. Imaginée par Manuel Guinart, de l’agence JFS Architectes, elle sera accessible depuis le socle d’un futur immeuble -dont l’usage et l’aspect n’ont pas encore été dévoilés- ainsi que par un couloir de correspondance desservant les différents quais de la ligne E du RER. À cet endroit, l’ouvrage prendra la forme d’un entonnoir en « Y ». L’une des deux branches sera en cul-de-sac, afin de permettre le stationnement de rames ou de trains de travaux. La seconde filera vers La Défense.

« Le site est hyper contraint. Il a beau être grand il y a tellement de chose à faire que nous allons construire la gare en taupe », précise Anne Lorino, cheffe de projet du secteur de la gare Nanterre-la-Folie pour la SGP.

C’est d’ailleurs depuis l’extrémité Est de cette gare, dans cette vaste emprise de chantier de 33 000 mètres carrés que s’élancera, à la fin de l’année, l’un des tunneliers. Il progressera vers l’ouvrage « boulevard de la Paix » à Courbevoie, après être passé sous le quartier de La Défense et avoir franchi l’ouvrage de service du « square des Brunettes ». À son arrivée, l’équipement sera démonté, puis reviendra à son point de départ pour percer, dès la fin 2027, le tube vers la gare de « Rueil – Suresnes Mont-Valérien », en passant par la gare de « Nanterre la Boule ». En parallèle, un second tunnelier creusera un ouvrage de cinq kilomètres pour relier l’actuel bout de la ligne 15 Sud à l’Île Monsieur (Sèvres), jusqu’à la gare de « Rueil – Suresnes Mont-Valérien ».

La seconde gare, celle de La Défense, va venir se nicher dans une zone extrêmement dense, sous une bretelle d’accès au tunnel de La Défense (A14). À 36,50 mètres de profondeur, elle sera bien plus profonde, avec ses deux quais longs de 115 mètres pour une largeur de la « boîte » en béton de 25 mètres. Dessinée par l’agence Grimshaw, la gare bénéficiera d’un pavillon d’accès au cœur de la nouvelle Rose de Cherbourg.

Avant de creuser la gare de La Défense avec la méthode de « la taupe », le groupement Intencités15, mené par Vinci, réalise depuis l’année dernière des travaux de dévoiement de réseaux. Deux nouvelles galeries techniques traversant de part en part l’avenue du Général de Gaulle -l’une pour le réseau de chaleur et de climatisation de La Défense (Idex), l’autre pour le transport de l’eau potable (Sénéo)- sont actuellement en cours de réalisation afin de remplacer les galeries existantes.

Ce chantier indispensable doit s’achever d’ici la fin de l’année. Une fois cette étape franchie, la gare pourra enfin être creusée, tout en maintenant en surface les différentes circulations routières. « L’enjeu de l’organisation de ce chantier, ce sera de réaliser des ouvrages énormes dans un endroit très contraint », confie Olivier Gréhant, chef de projet du secteur de la gare de La Défense pour la SGP.

Mais avant que la gare ne prenne forme, le tunnelier sera déjà passé par là. Des parois moulées seront alors réalisées avant son passage. Une fois la gare évidée à l’intérieur de ces parois, les anneaux du tunnelier seront ensuite démontés lors du creusement de la gare.

L’objectif de la SGP est de mettre en service la ligne 15 Ouest à l’horizon 2031. À cette date, l’intégralité de la ligne 15 devrait être fonctionnelle, faisant de cette ligne une énorme rocade de 75 kilomètres, composée de trente-six stations.
