Côté Nord, l’axe s’est intégré à son environnement après une série de transformations au cours des deux dernières décennies. Côté Sud, le boulevard circulaire –rebaptisé boulevard Patrick Devedjian, en hommage à l’ancien président du département emporté par le Coronavirus il y a déjà cinq ans– a conservé son aspect autoroutier.
Avec sa forme de poire, l’axe entourant le cœur historique du quartier d’affaires a été construit dans les années 70. Symbole du « tout-voiture », l’infrastructure, véritable autoroute urbaine avec un sens de circulation unique, s’est imposée comme une forteresse, rendant La Défense peu accueillante pour les piétons.
Au début du millénaire, l’Epad (devenu Epadesa puis Paris La Défense) s’était saisi du problème en lançant un ambitieux programme pour rendre ce périphérique plus humain. L’aménageur s’était attaqué à la partie Nord (côté Courbevoie) du boulevard en créant trottoirs, pistes cyclables et autres carrefours. Car oui, il n’y avait rien de tout cela avant… L’étape la plus marquante aura été la disparition de l’ancien viaduc Gambetta. Au passage, l’établissement public en profita pour glisser un peu plus tard quelques nouvelles tours (Exaltis, Carpe Diem, D2…). L’occasion de remoderniser une nouvelle fois le boulevard.
Mais jusqu’en 2017, l’infrastructure d’environ sept kilomètres était la propriété de l’État. La gestion du quotidien était assurée par la Dirif. Une gestion pas vraiment… Fatigué de voir l’axe délaissé et souffrant d’un manque évident d’entretien, le département des Hauts-de-Seine avait récupéré le boulevard. Symboliquement, Patrick Devedjian avait alors rallumé l’éclairage en panne depuis plusieurs années.

Désormais propriétaire de l’axe, le département ambitionne de poursuivre la transformation pour gommer définitivement les traces de cette cicatrice urbaine. L’aménagement passera notamment par une nouvelle piste cyclable de 5,6 kilomètres mieux intégrée au boulevard, des trottoirs plus confortables, l’ajout de quelques places de stationnement ici et là, la plantation de 500 nouveaux arbres, la création de 14 nouvelles traversées piétonnes et aussi l’aménagement de nouveaux carrefours. Le nombre de voies pour les véhicules motorisés variera entre deux et trois selon les portions. La transformation la plus symbolique doit être opérée à l’arrière du centre commercial Westfield Les 4 Temps. L’imposant échangeur routier, en grande partie abandonné, va s’effacer. Paris La Défense projette d’y construire à la place un nouveau complexe immobilier dans le cadre d’Empreintes.
Avec cette évolution, le département dit viser quatre objectifs : une circulation apaisée, un cadre de vie amélioré, un boulevard ouvert sur la ville et un axe accessible à tous les usages.
Après avoir organisé une concertation préalable il y a tout juste deux ans, en 2022, le département a lancé en février une enquête publique qui s’achèvera le 21 mars prochain. Avec cette concertation, indispensable au lancement du projet, chacun et chacune peut donner son avis sur ce projet.
« La concertation et la poursuite des études ont permis d’affiner le projet. Les aménagements cyclables ont été optimisés, particulièrement pour rejoindre la dalle de la Défense. Le carrefour avec le boulevard de la Défense propose également un espace piéton élargi », indique le département.
La mutation du boulevard Patrick Devedjian sera longue. Les premiers travaux, qui devraient s’étaler sur au moins huit ans, doivent débuter dans le courant de l’année 2027.