C’est un invité de marque que s’est offert l’Arboretum pour son inauguration. Après de longs travaux, le président de la République Emmanuel Macron est venu découvrir, il y a tout juste une semaine, ce vaste ensemble tertiaire de 126 000 mètres carrés. Érigé aux portes de La Défense à Nanterre, sur une partie d’un ancien site industriel de dix-sept hectares, bordé par la Seine, les autoroutes A14 et A86, ainsi qu’une ligne de RER, Arboretum entend casser les codes du bureau.
Porté par un pool d’investisseurs (Icawood, Praemia REIM France, BNP Paribas Real Estate, Peugeot Invest et WO2) et de prêteurs (BNP Paribas, Allianz, Natixis et BNP Paribas Asset Management), ce projet à 560 millions d’euros est décrit par ses concepteurs comme le plus grand campus d’Europe intégrant une structure en bois massif.
Car oui, Arboretum n’est pas un énième parc de bureaux à l’image de ceux construits au cours des années 80 et 90 en périphérie des grandes villes. Arboretum a quelques petits trucs en plus et pas des moindres. Remplaçant l’ancienne usine des Papeteries de la Seine, cette « ville-forêt » a été imaginée par les architectes François Leclercq, Nicolas Laisné, Dimitri Roussel et Michel Roy, accompagnés de l’agence Saguez & Partners et du paysagiste Base.
À une dizaine de minutes à pied de la gare de Nanterre-Université (RER A et ligne L), le quatuor a dessiné un ensemble de cinq bâtiments de sept étages intégrant une structure en bois massif (32 400 mètres cubes de bois ont été utilisés dans la construction du campus, dont environ 8 000 mètres cubes de lamellé-collé fabriqué par l’entreprise Mathis dans ses usines d’Alsace), disposés autour d’un parc de six hectares entrecoupé par une rivière et son potager.
Dans ce « Center Parcs » du bureau de neuf hectares, chacun des cinq immeubles -tous dotés de terrasses spacieuses- porte le nom d’un arbre : Épicéa, Douglas, Amandier, Biloba et Cèdre, le bâtiment principal, servant de porte d’entrée du campus bucolique.
Pour faire vivre le lieu, pas moins de huit restaurants sont disponibles. Et la nourriture proposée promet d’être ultra-locale, du moins pour une partie des fruits et légumes. Grâce à son potager, Arboretum disposera d’une récolte sur place. Pour le reste, les propriétaires des lieux promettent une cuisine entièrement préparée sur place à partir de produits frais, sans aucun surgelé. Les cartes des restaurants d’Arboretum seront renouvelées chaque jour et suivront le rythme des saisons.
Arboretum n’a pas totalement fait table rase du passé, en conservant une trace de l’histoire industrielle du site. Deux anciens bâtiments en béton des papeteries ont été réhabilités et abritent désormais la salle d’escalade Arkose et le spécialiste de l’organisation de réunions et événements d’entreprise, Comet. Tous deux sont directement accessibles depuis une nouvelle coulée verte, connectée au parc du Chemin de l’Île.
Se voulant écologique et respectueux de l’environnement, Arboretum est aussi bien moins gourmand en énergie que les tours voisines du quartier d’affaires de La Défense. « Le campus est alimenté à hauteur de 80 % des besoins en chaud et froid par dix puits de géothermie », se félicite Marc Lafont, le président de WO2.
Tout cela va-t-il séduire des locataires au point de se mettre au vert et de renoncer à une présence en hypercentre ? « Cette phase de pré-commercialisation est un succès », se félicite Guillaume Poitrinal, le co-fondateur de WO2, en énumérant les 5 000 mètres carrés loués par une filiale de Spie Batignolles, auxquels s’ajoutent Stora Enso et la CCI Hauts-de-Seine. Reste que, pour l’heure, ces huit premiers locataires n’occupent qu’environ 9 500 mètres carrés sur les 126 000 mètres carrés de l’ensemble immobilier.
Candidat malheureux pour accueillir le futur siège de TotalEnergies, Arboretum vise désormais de multiples locataires. Et alors que le marché immobilier n’est pas au meilleur de sa forme, surtout dans le péri-Défense, Guillaume Poitrinal ne semble pas inquiet pour remplir son campus. « Nous entamons une phase de commercialisation qui va probablement durer un an ou deux », confie l’ancien patron d’Unibail-Rodamco, qui dit avoir déjà accueilli pour des visites une clientèle assez variée, notamment dans les secteurs des services, de l’énergie et de l’industrie ».
