A La Défense, le quartier Boieldieu est réputé pour son calme et son cadre de vie agréable. C’est pourtant au cœur de ce secteur résidentiel du quartier d’affaires de l’Ouest parisien qu’a vécu avec ses parents, Armand Rajabpour-Miyandoab, l’assaillant du pont de Bir-Hakeim. L’homme de 26 ans, né à Neuilly-sur-Seine, a poignardé mortellement samedi soir un touriste germano-philippin avant de blesser deux autres personnes, à quelques pas de la Tour Eiffel.
En ce lundi pluvieux de novembre, devant la petite résidence où vivent toujours les parents du suspect, le gardien veille étroitement sur les nombreux journalistes en quête de témoignages de voisins. L’homme veut surtout défendre l’intégrité des parents d’Armand, originaires d’Iran. « Ses parents sont des gens très bien. Ils ont donné l’alerte et fait tout ce qu’ils pouvaient faire », glisse simplement l’homme, peu bavard.
Avant de s’engouffrer dans son immeuble, un voisin lâche quelques mots sur Armand Rajabpour-Miyandoab. « C’est un barbu qui est très dérangé. On savait que c’était un garçon radicalisé. Tout le monde le savait dans le quartier », souffle-t-il avant de conclure « On n’a rien fait », critiquant l’inaction des pouvoirs public sur ce « fiché S ».
Rapidement appréhendé par la police après son geste, Armand Rajabpour-Miyandoab est actuellement interrogé dans les locaux de la section antiterroriste de la brigade criminelle de Paris. Le procureur antiterroriste, Jean-François Ricard, a indiqué qu’il avait prêté allégeance à l’État Islamique (EI). Durant son audition Armand Rajabpour-Miyandoab a dit assumer son geste « en réaction à la persécution des musulmans dans le monde ».
C’est à l’âge de 18 ans, qu’en 2015, ce putéolien effectue une conversion à l’islam, influencé par un djihadiste français ayant pris la direction de l’Irak. Rapidement, il s’engage dans une radicalisation, notamment en visionnant de nombreuses vidéos de l’État Islamique et en établissant des liens avec plusieurs terroristes notoires, tels que l’auteur de l’attaque à Saint-Étienne-du-Rouvray ou le meurtrier de Samuel Paty.
En 2016, l’agresseur avait été arrêté par la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) pour son implication dans un projet violent ciblant le quartier des affaires de La Défense, un an après le projet avorté d’Abdelhamid Abaaoud. Lors d’une conférence de presse tenue dimanche soir, le procureur antiterroriste a expliqué que l’individu entretenait des liens avec des personnes partageant l’idéologie jihadiste et qu’au printemps 2016, il avait envisagé de rejoindre l’EI en Irak et en Syrie.
Des ambitions qui avaient valu à Armand Rajabpour-Miyandoab une condamnation le 16 mars 2018 à cinq ans d’emprisonnement, dont un an avec sursis. Selon BFMTV, lors de sa détention Armand disait « entendre des voix » le poussant dans un sinistre projet. « J’ai envie d’égorger mes parents à la sortie. […] Ma date de libération est proche, et je ne sais pas où j’en suis. Je vais finir par passer à l’acte », aurait-il alors déclaré à un gardien.
Depuis sa libération, il était sous « suivi avec mise à l’épreuve », comme l’a précisé le procureur antiterroriste. Pourtant, à sa sortie de prison, cet ancien étudiant en biologie était retourné vivre dans l’appartement familial. Il était alors sous « suivi avec mise à l’épreuve », comme l’a précisé le procureur antiterroriste.
En octobre 2020, il s’était rendu de sa propre initiative dans un commissariat pour expliquer qu’il avait eu des échanges via les réseaux sociaux avec l’individu qui deviendra l’assassin de Samuel Paty, discutant notamment de sujets religieux. Suite à sa garde à vue, il avait été relâché sans qu’aucune accusation ne soit retenue contre lui. Il exprimait alors sa colère envers les islamistes, condamnant ouvertement toute incitation à la violence, quelle qu’en soit la forme.
Sur son compte X (anciennement Twitter) ouvert en octobre dernier, Armand Rajabpour-Miyandoab avait publié de nombreux messages en lien avec le Hamas, Gaza et la Palestine. Coiffé d’un bonnet, les yeux cachés par des lunettes de soleil avec masque recouvrant sa longue barbe, l’homme avait récemment déclaré dans une vidéo son soutien au califat de l’EI.
La garde à vue des deux parents d’Armand a été levée lundi soir, selon une source judiciaire relayée par BFMTV. Actuellement, deux gardes à vue sont toujours en cours : celle de l’assaillant et d’une personne de son cercle proche. Ces mesures pourraient se prolonger jusqu’à mercredi soir au plus tard.