Réduire son empreinte carbone de moitié à l’horizon 2030, c’est l’ambitieux programme que s’est fixé le plus grand quartier d’affaires d’Europe. L’établissement public Paris La Défense (PLD) a dévoilé devant les principaux acteurs du territoire dix mesures « concrètes » capables d’accélérer la transformation du quartier de l’Ouest parisien en territoire post-carbone pour coller à sa raison d’être.
Né à la fin des années 50 avec la construction du Cnit, le quartier d’affaires de La Défense qui a vécu plusieurs crises successives ambitionne un nouveau virage, une nouvelle vision de l’urbanisme. Plutôt que de faire table rase du passé, Paris La Défense souhaite faire évoluer le quartier, pour le rendre encore plus humain et surtout plus sobre énergiquement.
« Le sujet n’est pas de renverser la table et dire que tout ce qui a été fait à La Défense depuis soixante ans est nul et qu’il fallait faire autrement », a indiqué Pierre-Yves Guice, le directeur de PLD. Tout en conservant son attractivité et en gardant sa vocation de quartier tertiaire, l’aménageur veut diversifier La Défense et en y accueillant notamment toujours plus d’étudiants.
Mais cette mutation ne doit pas se faire pas un énième plan de relance afin d’ajouter des tours aux tours. Paris La Défense doit aujourd’hui faire face à une crise mondiale bien plus sérieuse qui pointe le bout de son nez. Pas celle de l’immobilier. Celle environnementale.
Aujourd’hui la consommation annuelle de La Défense c’est près d’un million de tonnes d’équivalent CO2 par an, soit le bilan carbone d’une grande ville régionale française. Pour relever le défi de cette future crise, Paris La Défense ambitionne donc de réduire par deux ses émissions de CO2 d’ici à 2030. Pour y arriver l’établissement a élaboré une dizaine de propositions qui sont amenées « à être améliorées ».
Lancés en octobre dernier, avec divers acteurs économiques du quartier, les états généraux de la transformation des tours ont abouti sur ces dix solutions : Créer le premier outil commun de calcul de l’empreinte carbone ; Planifier le développement et la décarbonation des réseaux de chaleur et de froid du quartier ; Faire entrer les opérations de restructuration dans les critères des Green Bonds ; Adapter la fiscalité immobilière pour les opérations de rénovation bas carbone ; Ouvrir au public et exploiter les socles et les étages élevés des tours ; Créer « Campus Paris La Défense » ; Mettre en place un permis multidestination pour toutes les opérations de restructuration ; Rapprocher réglementations environnementales et incendies ; Rendre possible l’accès à des disponibilités foncières pour les opérations de rénovation particulièrement ambitieuses et Créer un fonds de dotation réunissant investisseurs et entreprises pour financer des actions de dynamisation du territoire.
D’après une étude de Paris La Défense, la consommation -notamment pour la climatisation et le chauffage- et la construction des bâtiments représente 45 % des émissions de CO2 du quartier. Les déplacements des personnes -pour le tourisme d’affaires- qui se rendent dans le quartier de l’Ouest parisien représente une part conséquente de 16 %. Suivent les autres déplacements (15 %), l’alimentation (17 %), les marchandises (5 %) et les déchets (2 %).
« Nous n’avons pas de recette magique. Il n’y pas d’idée géniale qui s’appliquerait à tous les bâtiments », relativise Pierre-Yves Guice qui prévient que ces propositions, qualifiées de « boite à outils » ne sont pas un plan de projet urbain pour La Défense.
Durant plusieurs mois, ateliers, visites et conférences ont réuni près de 800 acteurs publics, propriétaires, locataires, promoteurs, architectes et experts du quartier d’affaires pour réfléchir à son avenir. L’aménageur se félicite d’avoir mené cette initiative inédite à ce jour à cette échelle pour un tel territoire.
