Il y a encore douze ans le vaste terrain était occupé par les Papeteries de la Seine. Symbole de l’industrie du début du XXème siècle, l’ancienne usine de Smurfit Kappa fermée en mars 2011 a totalement disparu, ou presque. Pour remplacer cette friche industrielle de Nanterre entourée par deux autoroutes, une ligne de RER, une prison et la Seine, le promoteur WO2 érige depuis fin 2020 Arboretum, un vaste complexe immobilier dont le chantier doit s’achever à la fin de l’année.
Arboretum, n’est pas un énième programme de bureaux classique. Cet énorme campus de 125 000 mètres carrés -dont 112 000 mètres carrés consacrés aux bureaux- se distingue par le matériau choisi pour sa structure : le bois. Financé en partie par Icawood, développé par WO2 et BNP Paribas Real Estate, et dessiné par les architectes Nicolas Laisné, François Leclercq et Dimitri Roussel, Arboretum s’établit sur un site privé de neuf hectares, dont six hectares seront dévolus à la nature avec un parc planté d’un millier d’arbres et arbustes ainsi qu’un potager de 3 200 mètres carrés. Les futurs occupants du campus pourront également profiter des 16 000 mètres carrés de terrasses intégrées aux différents immeubles pour travailler ou se détendre tout au long de la journée.
Au cœur de ce parc, cinq bâtiments de cinq à sept étages, avec comme principale structure du bois massif issu d’une filière autrichienne, ont été érigés. Grace à l’utilisation du bois pour la structure et la géothermie pour le chauffage, Arboretum promet de réduire son empreinte carbone de 47 % par rapport à un programme classique utilisant du béton. De plus, WO2 assure que les locataires réduiront leurs consommations énergétiques de 3,5 % par rapport à une tour de La Défense. « Arboretum c’est le plus grand complexe de bureaux en bois jamais réalisé dans le monde », se réjouit Philippe Zivkovic, co-fondateur avec Guillaume Poitrinal du promoteur WO2.
Aux immeubles Amandier, Biloba, Cèdre, Douglas et Epicéa, s’ajoutent deux anciens bâtiments de l’ex-usine sauvés des pelleteuses. Ces deux vestiges de l’ère industrielle abriteront « la Fabrique de la Connaissance », un restaurant ainsi qu’un centre de réunions et conférences animé par Comet Meetings, mais aussi « l’Atelier des Sports » ainsi que deux restaurants. Au total Arboretum embarquera pas moins de 13 000 mètres carrés de services dont huit espaces de restauration.
Avec leur campus « paisible et écoresponsable », les deux créateurs de WO2 ambitionnent de mettre au vert les entreprises, désireuses d’espaces verdoyants, dans un cadre à l’allure d’un Center Parcs dédié aux bureaux. « De tous les acteurs de la société dans laquelle on vit, ce sont les entreprises qui sont le plus sensibles à la question du bas carbone car elles sont sous la pression de leurs clients, salariés et actionnaires », estime Philippe Zivkovic.
Récompensé l’année dernière d’un Mipim Awards, dans la catégorie « Best Futura Project », Arboretum doit désormais répondre à challenge : séduire les entreprises de s’y installer. Un défi qui n’inquiète guère Guillaume Poitrinal, confiant pour remplir son coûteux programme chiffré à 700 millions d’euros.
Candidat malheureux pour accueillir le nouveau siège de TotalEnergies, WO2 a changé sa stratégie de commercialisation après cet échec. « Nous avons volontairement commencé la commercialisation assez tard, une fois que le chantier est très avancé », indique Guillaume Poitrinal. « Nous ciblons des entreprises qui sont aussi bien loin de Paris que près », poursuit l’ancien patron d’Unibail-Rodamco. Si une entreprise lorgne toujours pour louer l’ensemble du campus, Guillaume Poitrinal estime qu’Arboretum sera occupé par plusieurs occupants.
Tous les atouts d’Arboretum pourraient être effacés en partie par la localisation du projet. Talon d’Achille, le complexe se situe en effet dans une zone de Nanterre pas forcement accueillante et éloignée des transports en commun. Mais Guillaume Poitrinal rappelle qu’Arboretum, séparé de 700 mètres de la gare de Nanterre-Université où en plus des RER A s’arrêtent les Transiliens de la ligne L, est situé à « seulement quinze minutes » de la station Charles de Gaulle Etoile.