Symbole du modernisme et de la grande puissance économique française, La Défense a, à sa naissance dans les années 60, brillé de mille feux toutes les nuits. Jusqu’au premier choc pétrolier de 1973, laisser les tours entièrement illuminées la nuit, ne choquait pas. Mieux, cela représentait l’arrogance de la réussite financière des grandes sociétés. Mais après de multiples crises économiques et la prise de conscience du réchauffement climatique les choses ont bien changé. Le symbole de fierté est devenu une honte.
Si une loi est bien en vigueur depuis juillet 2013 pour contraindre les sociétés à éteindre les locaux vides la nuit, elle n’est pas toujours bien respectée. Malgré les efforts, selon Paris La Défense, 60 % des tours du quartier sont encore éclairées la nuit et près d’une tour sur quatre est éclairée toutes les nuits, même les week-ends.
Aujourd’hui avec la guerre en Ukraine et la crise énergétique La Défense veut devenir plus vertueuse. L’établissement public Paris La Défense a réuni mercredi dernier près de 400 représentants d’entreprises, de propriétaires et de gestionnaires d’immeubles de La Défense. Cette réunion organisée avec RTE, l’IFPEB et la CCI des Hauts-de-Seine, visait à informer de la situation en matière d’approvisionnement électrique pour l’hiver prochain.
La Défense veut réduire sa consommation électrique de 15 %
Le bilan carbone du quartier d’affaires montrait qu’en 2019, les émissions du territoire s’élevaient à 1 000 kt CO², soit l’équivalent d’une grande ville de province de 127 000 habitants. Sachant que La Défense compte environ 180 000 salariés, 45 000 étudiants et près de 20 000 habitants dans son cœur historique.
Pour passer au mieux l’hiver et éviter les coupures électriquesParis La Défense s’est fixé comme objectif de réduire de 15 % la consommation électrique du quartier d’ici le début du printemps. Cette démarche collective inédite entend répondre à l’ambition de Paris La Défense de diviser par deux ses émissions de gaz à effet de serre du territoire, d’ici à 2030.
« La crise énergétique que nous traversons, aussi difficile soit-elle, nous incite à transformer la contrainte en opportunité. Elle nous force à repenser notre consommation électrique et à adopter des pratiques plus responsables. Il y a urgence : les effets les plus sévères du dérèglement climatique sont devant nous et l’énergie abondante et peu chère est quant à elle derrière nous. En visant une baisse de 15 % de la consommation électrique du quartier, nous fixons un objectif ambitieux, mais atteignable, comme le prouve la première édition du concours Cube Paris La Défense qui a permis aux entreprises participantes de réaliser d’ores et déjà en moyenne 13 % d’économies d’énergie. Notre défi est aujourd’hui de fédérer et d’arriver à créer une dynamique réunissant toutes les parties prenantes du territoire », explique Georges Siffredi, le président des Hauts-de-Seine et de Paris La Défense.
Paris La Défense fixe quatre objectifs
Paris La Défense propose à toutes les entreprises du quartier d’affaires de « se mettre en mouvement » autour de quatre grandes actions répondant à la fois aux enjeux de court terme sur les difficultés d’approvisionnement électrique, mais également aux défis à long terme en matière d’énergie.
Concrètement Paris La Défense va demander aux occupants des buildings d’appliquer la loi de 2013 et d’éteindre les bureaux la nuit. « Cette action, à forte valeur d’exemplarité, répond à des impératifs réglementaires et favorisera la sensibilisation aux bonnes pratiques des entreprises et de leurs salariés », indique l’établissement public. Paris La Défense invite les usagers à réaliser un diagnostic des installations techniques et des outils de gestion centralisés afin d’assurer « un meilleur usage des dispositifs existants, des économies d’énergies substantielles étant accessibles par la simple optimisation de ce qui existe déjà ». L’établissement souhaite que les entreprises du quartier baissent d’un ou deux degrés la température de leurs locaux. Enfin, en cas de signal rouge Ecowatt, il sera nécessaire d’optimiser l’utilisation du chauffage dans les bâtiments (baisse des températures et décalage des horaires de chauffe), d’éviter la recharge des véhicules électriques sur les heures de pointe, de limiter les consommations à partir de 18 heures pour les locaux inoccupés (éclairage, chauffage, ventilation).
« Les entreprises représentent plus de la moitié des consommations d’électricité en Île-de-France. Leurs engagements concrets et responsables de réduction de la consommation au bon moment, ont un rôle essentiel à jouer pour nous permettre d’assurer l’alimentation électrique de tous les Français cet hiver. Nous sommes heureux d’accompagner l’ambition de Paris La Défense de baisser la consommation du quartier de 15 % cet hiver, avec EcoWatt, notre météo de l’électricité », précise Nathalie Lemaitre, déléguée régionale Île-de-France et Normandie de RTE.
Des mesures que certaines entreprises de La Défense appliquent déjà. L’année dernière, plusieurs d’entre elles ont participé au concours Cube, le Championnat de France des économies d’énergie, organisé par l’Institut français pour la performance énergétique du bâtiment (Ifpeb) avec à la clef 13 % d’économies d’énergie.
#ParisLaDéfense a réuni 400 représentants d’entreprises et propriétaires d’immeubles afin de fixer des objectifs communs permettant de réduire de 1️⃣5️⃣ % la consommation électrique du quartier d’ici la fin de l’hiver. 💡👉 https://t.co/yqcBQ0QUXs@RTE_idfn @IFPEB @CCI_92 pic.twitter.com/N6ICglg4RF
— Paris La Défense (@ParisLaDefense) September 23, 2022