Quarante ans après son inauguration l’ensemble des Miroirs guette son avenir. Un futur qui pourrait passer par une vaste opération de déconstruction-reconstruction. En tout cas c’est ce qu’aimerait faire son propriétaire, Primopierre, une filiale du groupe Primonial. La SCPI qui s’appuie sur BNP Paribas Real Estate pour la maitrise d’ouvrage ambitionne de transformer radicalement l’actuel ensemble immobilier des Miroirs construit au début des années 80 par le célèbre promoteur Christian Pellerin en bordure du boulevard circulaire à Courbevoie.
Vidée presque entièrement, depuis le départ début 2020 de Saint-Gobain pour sa nouvelle tour mais aussi de Sogeprom parti dans l’immeuble Ampère, l’ensemble de 71 700 mètres carrés qui héberge encore la mutuelle B2V pourrait s’effacer dans les prochaines années au profit d’un complexe immobilier mixte. Le nouveau projet qui doit reprendre les bases de l’infrastructure existante est imaginé par les cabinets d’architecture Studio Gang, CroMe Studio et Cro&Co Architecture. Composé de trois tours, culminant à environ 100, 150 et 180 mètres, le nouveau complexe ferait doubler la surface des nouveaux Miroirs à 141 500 mètres. A l’intérieur on y retrouverait majoritairement des bureaux sur 111 700 mètres, un hôtel de 19 500 mètres carrés abritant 250 à 300 chambres et près de 10 300 mètres carrés de commerces le tout complété d’un roof-top. Ces espaces doivent s’articuler autour d’une nouvelle place publique ouverte et paysagée afin de « participer à la reconnexion de la ville de Courbevoie au quartier d’affaires », indique Primopierre dans un document administratif.
Mais avant de lancer les travaux de ce méga projet, Primopierre doit passer par la case administrative. Et c’est cette étape qui pourrait le faire capoter. Élément nécessaire et indispensable pour demander le permis de construire, la SCPI doit décrocher l’agrément. Ce précieux sésame est l’autorisation administrative délivrée par l’État dans le cadre de sa politique d’aménagement du territoire. Ce feu vert particulier à l’Île-de-France, est nécessaire pour la construction, la reconstruction, la réhabilitation ou l’extension de locaux à usage industriel, professionnel, administratif, technique, scientifique ou d’enseignement. Cette autorisation conditionne la recevabilité de la demande de permis de construire.
Et comme pour The Link, le futur siège de Total à la fin 2017, le préfet de la région Île-de-France a refusé de délivrer le 19 mars dernier l’autorisation, en l’ajournant. Pour motiver sa décision le représentant des services de l’État a fait valoir « la création de 40 000 mètres carrés de bureaux supplémentaires par rapport à l’existant », « le taux de vacance de 26 % pour les bureaux à Courbevoie », « le déséquilibre de la commune de Courbevoie présentant un ratio cumulé de construction logements / bureaux de 0,92 sur la période 2009-2018 » mais aussi « qu’un allongement du délai d’instruction est nécessaire pour que les possibilités de réversibilité d’une partie des surfaces de bureaux en logements/ hébergement d’affaire puissent être expertisées ». Le préfet Marc Guillaume n’a en revanche pas avancé la saturation que le projet pourrait entrainer sur les transports en commun comme cela avait été mis en avant avec The Link.
Un coup dur pour les développeurs du projet des Miroirs qui ont deux mois après la délivrance du refus pour déposer un recours administratif, soit gracieux auprès du préfet de la région Île-de-France, soit hiérarchique auprès de la ministre de la transition écologique, ou bien un recours contentieux devant le tribunal administratif territorialement compètent.
Alors que pendant plusieurs décennies les promoteurs pouvaient presque tout se permettre pour faire de La Défense une vitrine mondiale des affaires, depuis quelques années la donne a changé. Les plus gros projets sont désormais soumis à plus d’encadrements quitte à en faire enterrer certains.
Contacté Primonial n’a pas souhaité communiquer « pour le moment » sur son projet.