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jeudi 25 avril 2024
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Joëlle Ceccaldi-Raynaud, son cash et ses lingots d’or

102 lingots d’or et 865 000 euros en cash, soit une valeur de 2,86 millions d’euros à l’époque (3,2 millions d’euros aujourd’hui). Selon un article de Médiapart du jeudi 17 septembre, la maire de Puteaux, Joëlle Ceccaldi-Raynaud (Les Républicains) aurait récupéré ce montant en 2008 et 2009 d’un compte non déclaré au Luxembourg.

Le site internet d’Edwy Plenel s’est procuré des relevés de comptes domiciliés chez la banque Rotschild, transmis à la justice par le Grand-Duché. Le compte bancaire de la maire de Puteaux, qui été passé sous le nom de sa fille Emilie Franchi, a ainsi progressivement été vidé à partir de novembre 2008, jusqu’à sa clôture, le 23 avril 2009. Dans son enquête Mediapart raconte qu’une dizaine d’allers-retours auraient été effectués pour cette transaction secrète. « Un ou plusieurs individus non identifiés se sont rendus dix fois au Luxembourg accomplir la besogne. (…) Le solde, soit 2 millions d’euros, a été retiré sous forme de 102 lingots d’or, le plus souvent par paquets de vingt ou trente », détaille Mediapart.

Mais pour Mediapart, « ces opérations ne collent pas avec les explications de la maire de Puteaux ». Entendue comme témoin assisté dans une enquête sur des soupçons de malversations financières, Joëlle Ceccaldi-Raynaud avait affirmé au juge en 2013, toujours selon Mediapart que « les fonds qui se trouvaient sur son ancien compte avait été transférés pour Emilie Franchi par virement dans un établissement français via une autre banque luxembourgeoise ».

L’existence de ce dit compte avait été révélée par Le Canard Enchaîné en octobre 2011. La maire avait alors demandé à ses équipes de racheter tous les numéros du journal satirique dans les kiosques de sa ville, selon son opposant Christophe Grebert (MoDem). Le Canard expliquait que l’édile avait ouvert un compte au Luxembourg en 1996 sur lequel elle avait déposé « 20 millions de francs (3 048 980 euros) ».

C’est son père, Charles Ceccaldi-Raynaud en guerre avec sa fille qui avait prévenu la justice. L’ancien maire de Puteaux entre 1969 et 2004, avait été mis en examen pour corruption en 2007 dans le cadre d’une instruction judiciaire ouverte à Nanterre pour corruption et abus de biens sociaux liée à l’attribution d’un marché par le syndicat intercommunal de chauffage urbain de La Défense (Sicudef) à la société Enerpart. L’ex député-maire de Puteaux a informé, à plusieurs reprises, le juge d’instruction de l’époque, accusant sa fille et se défendant de toute corruption. « Je vous communique des informations que j’ai recueillies de ma fille elle-même, dans des moments de panique. (…) Se doutant que je vais vous informer, Joëlle Ceccaldi est en train de faire vider son compte au Luxembourg », écrivait-il en assurant que c’est elle qui a « touché » l’argent pour le marché en 2001.

Laurent Gimel qui était à l’époque un des associés d’Enerpart, affirme à Mediapart que 759 202 euros de dessous de table avaient été versés pour obtenir ce juteux marché en juin 2001. Déjà lors de l’attribution de ce marché en 2001, des doutes subsistaient de la part des autres sociétés candidates au marché qui étaient EDF, Elyo, GDF, Dalkia, CPCU, (une filiale de Suez) et Climadef, la société qui détenait la concession jusqu’au 31 août 2002.

Pour justifier les quatre virements suspects entre 2000 et 2001 sur le compte Luxembourgeois, Joëlle Ceccaldi-Raynaud avait affirmé en août dernier dans le bureau du juge qu’il s’agissait d’un « héritage de sa grand-mère ». Quant à l’élue, elle réfute les accusations « mensongères » de son père. Elle a d’ailleurs expliqué qu’elle allait porter plainte contre Mediapart pour violation du secret de l’instruction.

Depuis l’ouverture de l’enquête en 2002, cinq juges d’instructions se sont succédés dans cette affaire. Aucun n’a pu prouver que des pots de vin aient alimenté le compte de Joëlle Ceccaldi-Raynaud au Luxembourg. Le dossier a déjà été clos à deux reprises et à chaque fois la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles a ordonné sa réouverture. A ce jour Charles Ceccaldi-Raynaud reste mis en examen, tandis que sa fille Joëlle a été entendue sous le statut « allégé » de témoin assisté.

Christophe Grebert, qui n’accuse pas l’élue de corruption, espère cependant que Bercy ouvrira une enquête. Et l’opposant s’interroge « Comment un élu, qui n’a pas d’entreprise, donc pas de chiffre d’affaires, qui n’a pas gagné non plus au Loto, peut-il se constituer un tel capital ? » explique-t-il au Parisien craignant que l’affaire du dossier d’Enerpart ne soit définitivement « enterré ».

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