Depuis les tours T1 et T2 édifiées entre 2005 et 2008 Bouygues n’avait plus participé à la construction de buildings dans le quartier d’affaires. Le géant français du BTP avait certes restructuré les tours voisines First et Athena (Allianz One), mais tous les projets de nouveaux gratte-ciels, à La Défense lui avaient échappé. Dix ans plus tard l’entreprise de Martin Bouygues est repartie à l’assaut de nouveaux sommets avec Alto.
Iconique, la Tour Alto dessinée par IF Architectes pour la conception et SRA Architectes pour l’exécution se distinguera par ses formes arrondies particulières mais aussi par ses technicités de construction. Un chantier pas comme les autres où Bouygues Bâtiment Ile-de-France doit répondre à une multitude de défis techniques.
Tout d’abord le constructeur a dû faire table rase du passé en déconstruisant l’ancien immeuble des Saisons. Une fois cette tâche fastidieuse accomplie -qui aura demandé presque dix mois-, l’entreprise s’est attelée à préparer les racines d’Alto sur un terrain très exigu, enclavé entre le boulevard circulaire, la tour First et la résidence HLM Loraine, en coulant les cinq énormes poteaux de fondations et le grand voile en béton de 23 mètres sur 23.
Une robe de 3 700 écailles de verre et d’acier
Haute de 152 mètres pour 38 étages, Alto présentera une forme singulière évasée avec une variation de la surface de ses niveaux allant d’environ 600 mètres carrés à son socle jusqu’à 1 900 mètres carrés à son sommet. Les 17 500 mètres carrés de la façade, constituée d’une robe de 3 700 écailles de verre et d’acier possèderont plusieurs spécificités techniques et environnementales avec un système de double peau permettant d’importantes économies d’énergie.
Cette façade particulière pour un gratte-ciel de La Défense a ainsi poussé l’entreprise de BTP à opter pour une technique d’édification particulière en plaçant l’une des deux grues à l’intérieur du bâtiment. Greffée au noyau de la tour, la grue de 92 tonnes (pour une capacité de levage de 12 tonnes), grimpera au fur et à mesure et les trémies laissées sur les planchers des plateaux seront rebouchées. Son démontage se fera alors par l’autre grue, placée elle, à l’extérieur du bâtiment.
L’utilisation d’une « Common Tower », une première en France
Les classiques lifts placés habituellement le long de la façade, ont été remplacés par une « Common Tower », une première en France. « Si nous avions placé les trois lifts le long de la façade extérieure ça nous aurait fait quinze panneaux de façade (par étage) différés, avec autant de travaux tout corps d’état », explique Ludovic Corbeil, directeur du projet d’Alto. Cette « Common Tower » permet donc à Bouygues Bâtiment Ile-de-France d’excentrer les trois ascenseurs de chantier complètement à l’extérieur de la tour, réduisant ainsi la zone d’emprise sur la façade. Par sa forme, les passerelles reliant la tour à la Common Tower vont varier de 5,80 mètres à 1,20 mètres.
Les ascenseurs internes à Alto seront eux aussi spécifiques avec le système de double cabine. Dans chacune des huit cages, l’ascensoriste Otis installera deux cabines, offrant un important gain de surface à tous les étages de la tour.
La phase de l’infrastructure et du socle étant désormais achevée, la tour peut maintenant monter au rythme soutenu d’un étage par semaine avec une fin du gros œuvre programmée pour la fin du printemps 2019. L’installation des écailles en façade se fera avec sept niveaux d’écart. Actuellement ce sont 110 ouvriers qui s’activent sur ce chantier, et ils seront environ 500, dans les prochaines semaines durant le pic. Pour l’heure, la tour qui vient d’atteindre le septième niveau (et le dixième pour le noyau).
Une tour aux multiples services
Développée avec les conseils LaSalle Investment Management, Aliuta et le promoteur Linkcity Ile-de-France pour le compte d’un fonds localisé aux Emirats Arabe Unis, la Tour Alto doit être livrée au premier semestre 2020. Elle développera une surface de 51 000 mètres carrés dont environ 45 000 d’espaces de bureaux pour une capacité de 3 810 postes de travail. Avec ses espaces intérieurs imaginés par le cabinet JP Nuel et l’agence Majorelle, le building offrira à ses futurs occupants une multitude de services avec un parking privatif (47 places pour voitures, 51 pour deux-roues motorisés et 162 de vélos), plusieurs restaurants dont un implanté à son pied, un auditorium de 250 places mais aussi un espace de fitness et un food court au 23ème niveau. Au 36ème et 37ème étage, les deux derniers niveaux d’Alto, deux grandes terrasses ouvertes sur l’extérieur de respectivement 125 et 214 mètres carrés seront créées. L’ultime étage offrira aux utilisateurs de la tour un salon VIP et un Skylounge ainsi qu’un espace de détente.
Comme tous les autres nouveaux projets de La Défense, les développeurs d’Alto visent les plus hautes certifications environnementales avec les labélisations HQE Exceptionnel, BREEAM Outstanding. La Tour Alto vient également d’obtenir le label WiredScore Platinum, une première dans le pays.
La commercialisation d’Alto a été confiée à BNP Paribas Real Estate et CBRE.
Le projet d’Alto en images :