Elle n’est plus sur son socle: la statue de La Défense qui a donné son nom au quartier d’affaires (voir en bas de l’article) a été déposée de son piédestal après plus de 32 ans de présence afin d’être restaurée pour retrouver de sa superbe. A l’issue de sa restauration, l’œuvre en bronze sera déplacée de son emplacement actuel situé sur le patio entre la place de La Défense et l’Esplanade de La Défense pour trouver à la fin de l’année une nouvelle place « plus visible » à quelques mètres de là, sur l’esplanade devant le Bistro à Vin.
Cette restauration s’inscrit dans le cadre d’un vaste programme de 5 millions d’euros lancé par Defacto, l’établissement de gestion de La Défense pour rénover une partie des quelques 70 œuvres d’art du quartier d’ici la fin 2016. Ce projet de restauration a été confié à l’agence Frenak et Julien Architectes
Parallèlement à la restauration de la statue de La Défense, Defacto vient d’envoyer le 5 juin dernier dans un atelier d’Arles, l’oeuvre « After Olympia » d’Anthony Caro pour qu’elle y soit restaurée. Longue de 24 mètres pour un poids de 20 tonnes d’acier, l’After Olympia intégrera en octobre prochain son nouvel emplacement, sur le parvis de La Défense le long de la verrière qui mène vers la gare routière.
Les deux œuvres Takis (celle du bassin et celle au pied de la Grande Arche) seront également remises en état durant cet été.
Le programme se poursuivra avec le Pouce de César de la fin août au début novembre 2015, les Doubles Lignes Indéterminées de Venet d’octobre à décembre 2015 puis la fontaine des Corolles à la fin de l’année. En 2016, la Cheminée Moretti et l’Araignée Rouge de l’artiste Calder, deux œuvres majeures du quartier seront à leur tour restaurées. Le bassin Agam devrait lui être rénové par la suite, peut être en 2017, explique Defacto.
« Les œuvres d’art ont juste été posées dans le quartier sans jamais être valorisées » explique Marie-Célie Guillaume, la directrice de Defacto. « Elle sont un élément majeur du quartier d’affaires. C’est un patrimoine exceptionnel; certaines oeuvres n’ont jamais été entretenues, il faut leur redonner vie » poursuit t-elle.
Certaines œuvres d’art seront mises en valeur par un éclairage nocturne et bénéficieront d’une signalétique au sol par une dalle en marbre blanc gravée de noir en trois langues (français, anglais et japonais) pour les présenter ainsi que leur auteur.
Pour accompagner ce chantier, Defacto a confié à l’artiste Alain Bulbex la conception d’une œuvre éphémère permettant au public d’observer en direct la rénovation de certaines de ces pièces. Ce pavillon modulable fait d’acier et de bois offre actuellement deux points de vue sur la statue de la Défense: l’un couvert équipé d’une grande baie vitrée donnant sur la statue et l’autre en terrasse sur le toit du pavillon.
Après la rénovation de la statue de La Défense le pavillon sera déplacé sur la place Carpeaux pour la rénovation du Pouce de César puis sur l’Esplanade pour permettre d’observer la restauration de la Cheminée Moretti et des Doubles Lignes de Venet.
A La Défense depuis une cinquantaine d’année de nombreux grands artistes de renom ont signé des réalisations comme Calder, Moretti, Cesar, Venet ou encore Mirò.
L’histoire de la statue de La Défense : La statue de Napoléon Ier, installée sur la colonne Vendôme, a été déplacée en 1863 pour orner la place de la Demi-Lune, rebaptisée Rond-Point de l’Empereur à Puteaux. La guerre contre la Prusse exige de la mettre en sécurité dès 1870. Huit années passent, la guerre est terminée. Pour rendre hommage aux défenseurs de la capitale, le Conseil Général de la Seine décide d’organiser un concours pour choisir la sculpture qui symbolisera le mieux la défense de Paris. De grands noms de l’art y participent comme Gustave Doré ou Rodin, mais c’est l’artiste Louis Ernest Barrias (13 avril 1841 – 4 février 1905) qui séduira le jury par son illustration. Le 12 août 1883, une foule immense, estimée à plus de 100 000 personnes, se masse pour assister à l’inauguration en présence du ministre de l’intérieur Waldeck-Rousseau. Nommée « La Défense de Paris », la statue de bronze donne son nom au rond-point ainsi qu’à l’avenue qui rejoint le Pont de Neuilly. C’est ainsi que ce quartier prend le nom de « La Défense ».
La statue représente un groupe sculpté, coulé en bronze par le fondeur Henri Léon Thiébault, avec trois figures qui symbolisent la défense de Paris : une femme, vêtue de l’uniforme de la garde nationale, appuyée sur un canon et tenant un drapeau, représente la figure allégorique de la ville de Paris, les défenseurs prennent les traits d’un jeune mobile affaissé qui place une dernière cartouche dans son fusil Chassepot. Les deux figures regardaient vers Buzenval, lieu des derniers combats en janvier 1871. De l’autre côté du monument, une fillette prostrée qui, par son expression triste et son apparence misérable, personnifie les souffrances de la population civile.
La construction de la gare du RER A de La Défense est réalisée à ciel ouvert face au CNIT faisant ainsi disparaitre en 1971, de manière définitive, la place de La Défense et sa statue. L’EPAD la met en lieu sûr et en fait réaliser une copie en polystyrène, puis en plastique, afin de pouvoir tester plusieurs nouveaux emplacements.
Après presque 20 ans d’absence, la Statue de La Défense signée de l’artiste Barrias est de retour en septembre 1983. Elle retrouve quasiment sa place d’origine. Si elle n’est plus au centre du Rond-point de La Défense – qui n’existe plus – elle est alors implantée dans le patio situé entre la Place de La Défense et l’Esplanade. Son retour dans le quartier d’affaires est célébré le 21 septembre 1983.